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Au mois de juin 1995, l'association Mémoire et Patrimoine vivant, dont le siège est à Corbeil-Essonnes, au 10, rue de la Commanderie, prenait spontanément contact avec les Archives Départementales de l'Essonne pour présenter son activité d'enquête orale auprès des témoins essonniens ayant vécu les principales transformations de l'ancienne Seine-et-Oise puis de l'Essonne depuis le début de notre siècle. Très vite, l'idée d'une collaboration entre l'association et les Archives départementales naquit et, se précisant, aboutit à une convention de dépôt des entretiens filmés entre Mémoire et Patrimoine vivant et le Département de l'Essonne, approuvée par délibération du 22 avril 1996. Cette convention a un objectif très précis : la sauvegarde, dans une institution publique pérenne, d'une mémoire collectée par des acteurs passionnés du mouvement associatif, auprès de particuliers représentatifs du monde industriel, commercial, scientifique de l'Essonne. La spécificité de l'association est son choix de l'image animée, novateur actuellement en France dans le domaine des enquêtes orales. Mémoire et Patrimoine vivant part d'un constat simple, qui fixe les apports de chacun des partenaires : à l'association, la collecte, les démarches visant à obtenir des témoins l'accord pour une diffusion et une communication immédiate ou après délai de l'enquête ; aux Archives, l'analyse normalisée des reportages sous la forme de bordereaux appelés aussi à l'Institut national de l'audiovisuel ou dans les chaînes régionales de télévision -conducteurs-, la conservation matérielle et, si l'accord du témoin est obtenu, la communication au public dans la salle d'audiovisuel prévue à cet effet. Des réunions régulières entre les bénévoles de l'association et les collaborateurs des Archives de l'Essonne permettront aux bordereaux d'évoluer et de s'harmoniser. Une quarantaine d'entretiens a été réalisée depuis deux ans et les analyses se poursuivent aux Archives départementales qui développent ainsi un nouveau secteur d'activité prenant en compte tous les supports de la mémoire d'aujourd'hui.
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MEMOIRE DE MADAME MICHEL GENEVIEVE
Madame Geneviève MICHEL (1909-1998)
Madame MICHEL, née en 1909 à Corbeil, nous fait part de ses souvenirs d'enfance, pendant la première et la seconde guerre mondiale et la période après-guerre. Madame MICHEL est décédée le 8 novembre 1998.
00 mn à 2 mn Monsieur Breteau présente l'association " Mémoire et Patrimoine vivant ". Son but est de recueillir des témoignages sur la vie quotidienne d'avant 1950-1960, sur le passage de la vie rurale à la vie urbaine et raconter les non-dits familiaux pour mieux retracer les moeurs dans la première partie du XXème siècle. L'association met également ces témoignages à la disposition des chercheurs aux Archives départementales de l'Essonne. 2 mn à 4 mn Madame MICHEL est née en 1909 à Corbeil. Son père, Monsieur HAMELIN était né à Corbeil également, mais son grand-père, Eugène HAMELIN, n'était pas originaire de Corbeil. Il était venu entre 1860 et 1870, à la suite d'un achat d'une charge d'huissier audiencier. Eugène HAMELIN (1840-1915) a écrit dans l'Abeille et a rédigé un livre sur les rues de Corbeil paru en 1908. 4 mn à 8 mn Madame MICHEL évoque ses souvenirs d'enfance marqués par la première guerre mondiale. Elle relate les difficultés que sa famille a rencontré notamment pour se chauffer, les pénuries de bois de chauffage et de nourriture. Elle se souvient que sa famille recevait des nouvelles du front : les morts, les prisonniers. Son père travaillait en tant que premier clerc chez Monsieur Delabrecque, qui est mort pendant la première guerre mondiale. 8 mn à 9 mn Madame MICHEL nous précise que sa grand-mère tenait l'ouvroir à l'école de filles Galignani, rue Féray (lieu où, dans les communautés de femme, les religieuses s'assemblent pour se livrer aux travaux de lingerie). 9 mn à 13 mn Son enfance a également été très marquée par les deuils successifs de son grand-père, de sa tante et de ses deux grands-mères. Madame MICHEL nous décrit le rite social du deuil, qu'elle a mal vécu et qui obligeait le port du tablier noir et blanc pendant de longues semaines. Ce rite obligatoire était une marque sociale. 13 mn à 19 mn Madame MICHEL raconte sa scolarité au cours privé mixte des demoiselles HENRI, situé près du canal de l'Arquebuse et des vieux remparts de Corbeil. Elle se rappelle que sa scolarité a été interrompue par les bombardements de 1918 dans le cloître de la rue Saint-Spire et de son départ en Eure- et -Loire chez ses grands-parents maternels. Elle a continué sa scolarité en Eure - et - Loire avec d'autres jeunes filles réfugiées, suivant des cours dispensés par une personne respectant leurs programmes respectifs. 19 mn à 23 mn Madame MICHEL entre ensuite à l'école communale Galignagni, dont la directrice est Mademoiselle BERTHE. A cette époque, nous sommes encore dans le contexte de la loi de 1905, qui a instauré la séparation de l'Eglise et de l'Etat. L'entrée d'une jeune fille issue d'une famille catholique pratiquante à l'école communale est assez exceptionnelle. L'institutrice était catholique, ce qui était assez rare dans une école laïque. 23 mn à 27 mn La séparation de l'Eglise et de l'Etat se répercute aussi dans les familles. Elle se souvient de l'intolérance anticléricale qu'a subie son mari en tant que chrétien à l'Ecole Normale. Les femmes allaient régulièrement à l'église alors que les hommes ne la fréquentaient que pour les grandes fêtes. 27 mn à 31 mn Madame MICHEL nous relate un souvenir des vêpres lors de ses vacances en Eure-et-Loire. Elle y accompagnait la cousine de son grand-père, car les vêpres représentaient la pratique du culte, mais également une sorte de divertissement ; les chants qu'on y écoutait étaient une des rares distractions de l'époque, un espace de liberté dans une enfance très stricte. 31 mn à 38 mn Madame MICHEL évoque la morale de l'époque, notamment dans le cadre de l'institution des Enfants de Marie, qui était très rigide. Garçons et filles étaient séparés et les filles étaient très mal informées sur les missions des sœurs de Saint-Vincent de Paul. La propagande religieuse semblait plus importante que le développement spirituel. Cette école amenait surtout les jeunes filles à rentrer dans les ordres. 38 mn à 42 mn Elle se rappelle que les prêtres surveillaient les jeunes filles pendant les bals. Elle évoque quelques anecdotes pendant une colonie de vacances. Le catéchisme se tenait une fois par semaine à l'église Saint-Spire, dans la chapelle des morts. Les élèves des cours des demoiselles HENRI, les élèves de l'école communale, ainsi que ceux de l'institution Jeanne d'Arc et de l'école Sévigné suivaient ensemble le cours de catéchisme. Pour les Enfants de Sainte-Marie et ceux de l'externat Saint-Spire, le catéchisme avait lieu à l'école. Les trois années de catéchisme se terminaient par la communion solennelle (profession de foi). Les garçons renouvelaient les voeux du baptême. 42 mn à 46 mn A propos des loisirs et de la vie culturelle, Madame MICHEL nous parle de la Familia (association du Familia) crée par la paroisse dans les locaux de l'église Sainte-Marie à l'angle de la rue Jules Lemaire et de la rue Champlouis. Cette salle a été créée par la paroisse en réaction à la mauvaise réputation des cinémas, du fait des films projetés et du public qui les fréquentait. On y projetait des films muets, deux demoiselles assuraient l'accompagnement musical dans la salle. La salle Familia accueillait également du théâtre amateur. 46 mn à 47 mn Madame MICHEL nous détaille ensuite les différents lieux de rencontre. Six ou sept cafés étaient situés dans la rue de Paris et la plupart ont disparus. Il y avait aussi des bals, notamment celui qui s'appelait " Les Muses ". Les jeunes filles de la paroisse avaient l'interdiction d'aller au bal. 47 mn à 49 mn Madame MICHEL se souvient des premiers postes de radio à galènes à partir de 1925, 1926 et de leur généralisation dans les foyers en 1931. Les amis et la famille se réunissaient autour du poste pour écouter le bulletin météo. 49 mn à 52 mn Madame MICHEL évoque sa rencontre avec son futur, Georges MICHEL et son mariage en 1931. Monsieur MICHEL était né à Ivry-sur-Seine. A Corbeil, ses grands-parents maternels tenaient un bureau de tabac au coin de la rue du 14 juillet et de la rue Audiffred Bastide. Son grand-père avait été gendarme dans la région de Videlle. Ses grands-parents paternels étaient distillateurs à Ivry-sur-Seine. 52 mn à 54 mn Madame MICHEL évoque son grand-père maternel, Eugène HAMELIN, qui a épousé la fille du bourrelier, Mademoiselle SALLE à Corbeil. Le bourrelier (celui qui fait, vend ou répare des harnais pour bêtes de sommes) était installé rue du 14 juillet à Corbeil. Le couple HAMELIN a habité successivement dans ce qui était la rue du port, au-dessus du boulanger place Saint-Léonard et ensuite dans une maison de l'avenue Carnot à la retraite. A la mort d'Eugène HAMELIN, sa femme a pris un appartement rue des Chevaliers de Saint-Jean. 54 mn à 57 mn Madame MICHEL évoque la carrière de son mari, en tant qu'enseignant à l'école Jules FERRY à Essonnes entre 1929 et 1970. Il a eu des responsabilités politiques dans la Mouvance Républicain Populaire et dans la préparation militaire. Il y enseignait avec Monsieur Rouillon. 57 mn à 65 mn Madame MICHEL se rappelle que la distinction entre Corbeil et Essonnes était forte. Corbeil était la ville administrative, urbaine avec le tribunal et les avoués, alors qu'Essonnes était une ville industrielle et rurale avec les jardins cultivés et les moulins. Il existait une rivalité entre les deux communes et une différence de mentalité. Madame MICHEL se souvient d'un tableau regroupant l'ensemble des métiers exercés à Essonnes depuis 1380, qui avait été constitué par un curé. Beaucoup de métiers étaient liés aux moulins. Elle évoque les seuls moyens de transports qui existaient, la voiture à cheval, le train et la bicyclette. Les taxis étaient des voitures à cheval. Plusieurs relais de poste existaient sur Corbeil. 65 mn à 68 mn Madame MICHEL établit la distinction qu'il existait entre un enterrement civil et un enterrement religieux, qu'elle voyait passer sur le boulevard de Fontainebleau. On lui a relaté l'existence de corbillard à cheval et les portages à bras des cerceuils. Elle nous raconte l'histoire de la statue de Notre-Dame-des-Champs, qui marquait l'ancien emplacement de l'église du Prieuré et qui se trouvait à cheval sur la route et qui avait été détruite sous le règne de Louis XV (à Essonnes, boulevard de Fontainebleau, une statuette de la Vierge marque l'endroit où fut érigée au VIème siècle, une chapelle dédiée à la Vierge. Au XIIème siècle, Suger, abbé de Saint-Denis, y fonda le Prieuré de Notre-Dame-des-Champs. Le redressement de la route, en 1747, détruisit l'église). 68 mn à 75 mn Madame MICHEL évoque la période de la seconde guerre mondiale. Son mari est parti à la guerre le 1er septembre 1939 et en est revenu le 24 avril 1945. Il a été fait prisonnier durant cette période. Elle a du s'occuper seule de ses trois enfants et se souvient des problèmes de ravitaillement qu'elle a rencontrés. Elle utilisait des cartes de lait pour ses enfants pendant l'été 1940. Elle utilisait le Tacot. 75 mn à 79 mn Elle se souvient des promenades à Montconseil qu'elles faisaient avec ses enfants pendant la guerre. Il y avait beaucoup de champs où on y élevait des oies. Elle se souvient également de l'Occupation allemande, des réquisitions et de l'extinction des feux. Les allemands recherchaient des maisons avec le téléphone mais peu en possédait. 79 mn à 82 mn Madame MICHEL relate quelques anecdotes à propos du troc qui existait pendant la guerre. Elle évoque ses souvenirs avec le bouilleur de cru de la côte des fours à chaux (propriétaire qui procède à la distillation du vin, du cidre etc …, provenant de sa propre récolte). Elle raconte qu'elle possédait un verger à Saint-Germain-lès-Corbeil, elle mettait ses fruits au tonneau. Un de ses voisins lui pressait ses pommes avec un pressoir. 82 mn à 85 mn Le ravitaillement des prisonniers fut un grand moment de solidarité avec les fermiers de l'Orne. Madame MICHEL confectionnait des paquets de pomme de terre séchées que le carrossier scellait dans des boites. Madame MICHEL relate une anecdote sur une démarche qu'elle avait entreprise auprès d'un marchand de bois, ce dernier lui réclamait les cigarettes de son mari en échange de bois. 85 mn à 90 mn Lors des bombardements d'août 1944, Madame MICHEL se souvient de la descente au sous-sol de tous les siens pendant les alertes. La gare de Corbeil a été bombardée. Les Américains sont arrivés et ont libéré Corbeil. Madame MICHEL se souvient d'avoir entendu l'appel du général de Gaulle à la radio chez des amis alsaciens qui habitaient Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 90 mn à 97 mn Après la guerre, Madame MICHEL s'est investie dans la paroisse. Le journal Cités Nouvelles a été mis en place vers 1951 par des pères franciscains en roulotte et Madame MICHEL en a repris l'animation pendant 20 ans. Ce mensuel contenait des faits d'actualité et des sujets ayant trait à la vie locale (le n° 1 du mensuel chrétien d'informations locales et régionales Cités Nouvelles est en fait à Noël 1965 au prix de 0,50 Francs. Ce journal couvrait les communes d'Evry, de Ris-Orangis et de Corbeil-Essonnes). Sa distribution était assurée, gratuitement, par les gens de son quartier et concernait l'ensemble de la population de la commune d'Essonnes. Ce journal était essentiellement financé par la publicité. Une tentative de fusion avec le journal de Corbeil a échoué. Selon Madame MICHEL, ce journal semblait mieux convenir aux gens d'Essonnes. 97 mn à 101 mn Madame MICHEL donne son point de vue sur l'évolution des mœurs et des coutumes. Selon elle, la période de guerre a été marquée par une très grande solidarité de quartier. Les difficultés étaient partagées. Après la guerre, chacun a intériorisé ses bonheurs et/ ou ses malheurs et la solidarité s'est perdue. Madame MICHEL trouve que la société actuelle est " celle du chacun pour soi, chacun chez soi ". 101 mn à 111 mn Elle trouve que le carcan religieux a disparu, les gens sont plus libres aujourd'hui. Elle met des réserves sur le catéchisme actuel, il est enseigné par des laïcs. Elle pense, qu'actuellement l00 mn à 2 mn Monsieur Breteau présente l'association " Mémoire et Patrimoine vivant ". Son but est de recueillir des témoignages sur la vie quotidienne d'avant 1950-1960, sur le passage de la vie rurale à la vie urbaine et raconter les non-dits familiaux pour mieux retracer les moeurs dans la première partie du XXème siècle. L'association met également ces témoignages à la disposition des chercheurs aux Archives départementales de l'Essonne. 2 mn à 4 mn Madame MICHEL est née en 1909 à Corbeil. Son père, Monsieur HAMELIN était né à Corbeil également, mais son grand-père, Eugène HAMELIN, n'était pas originaire de Corbeil. Il était venu entre 1860 et 1870, à la suite d'un achat d'une charge d'huissier audiencier. Eugène HAMELIN (1840-1915) a écrit dans l'Abeille et a rédigé un livre sur les rues de Corbeil paru en 1908. 4 mn à 8 mn Madame MICHEL évoque ses souvenirs d'enfance marqués par la première guerre mondiale. Elle relate les difficultés que sa famille a rencontré notamment pour se chauffer, les pénuries de bois de chauffage et de nourriture. Elle se souvient que sa famille recevait des nouvelles du front : les morts, les prisonniers. Son père travaillait en tant que premier clerc chez Monsieur Delabrecque, qui est mort pendant la première guerre mondiale. 8 mn à 9 mn Madame MICHEL nous précise que sa grand-mère tenait l'ouvroir à l'école de filles Galignani, rue Féray (lieu où, dans les communautés de femme, les religieuses s'assemblent pour se livrer aux travaux de lingerie). 9 mn à 13 mn Son enfance a également été très marquée par les deuils successifs de son grand-père, de sa tante et de ses deux grands-mères. Madame MICHEL nous décrit le rite social du deuil, qu'elle a mal vécu et qui obligeait le port du tablier noir et blanc pendant de longues semaines. Ce rite obligatoire était une marque sociale. 13 mn à 19 mn Madame MICHEL raconte sa scolarité au cours privé mixte des demoiselles HENRI, situé près du canal de l'Arquebuse et des vieux remparts de Corbeil. Elle se rappelle que sa scolarité a été interrompue par les bombardements de 1918 dans le cloître de la rue Saint-Spire et de son départ en Eure- et -Loire chez ses grands-parents maternels. Elle a continué sa scolarité en Eure - et - Loire avec d'autres jeunes filles réfugiées, suivant des cours dispensés par une personne respectant leurs programmes respectifs. 19 mn à 23 mn Madame MICHEL entre ensuite à l'école communale Galignagni, dont la directrice est Mademoiselle BERTHE. A cette époque, nous sommes encore dans le contexte de la loi de 1905, qui a instauré la séparation de l'Eglise et de l'Etat. L'entrée d'une jeune fille issue d'une famille catholique pratiquante à l'école communale est assez exceptionnelle. L'institutrice était catholique, ce qui était assez rare dans une école laïque. 23 mn à 27 mn La séparation de l'Eglise et de l'Etat se répercute aussi dans les familles. Elle se souvient de l'intolérance anticléricale qu'a subie son mari en tant que chrétien à l'Ecole Normale. Les femmes allaient régulièrement à l'église alors que les hommes ne la fréquentaient que pour les grandes fêtes. 27 mn à 31 mn Madame MICHEL nous relate un souvenir des vêpres lors de ses vacances en Eure-et-Loire. Elle y accompagnait la cousine de son grand-père, car les vêpres représentaient la pratique du culte, mais également une sorte de divertissement ; les chants qu'on y écoutait étaient une des rares distractions de l'époque, un espace de liberté dans une enfance très stricte. 31 mn à 38 mn Madame MICHEL évoque la morale de l'époque, notamment dans le cadre de l'institution des Enfants de Marie, qui était très rigide. Garçons et filles étaient séparés et les filles étaient très mal informées sur les missions des sœurs de Saint-Vincent de Paul. La propagande religieuse semblait plus importante que le développement spirituel. Cette école amenait surtout les jeunes filles à rentrer dans les ordres. 38 mn à 42 mn Elle se rappelle que les prêtres surveillaient les jeunes filles pendant les bals. Elle évoque quelques anecdotes pendant une colonie de vacances. Le catéchisme se tenait une fois par semaine à l'église Saint-Spire, dans la chapelle des morts. Les élèves des cours des demoiselles HENRI, les élèves de l'école communale, ainsi que ceux de l'institution Jeanne d'Arc et de l'école Sévigné suivaient ensemble le cours de catéchisme. Pour les Enfants de Sainte-Marie et ceux de l'externat Saint-Spire, le catéchisme avait lieu à l'école. Les trois années de catéchisme se terminaient par la communion solennelle (profession de foi). Les garçons renouvelaient les voeux du baptême. 42 mn à 46 mn A propos des loisirs et de la vie culturelle, Madame MICHEL nous parle de la Familia (association du Familia) crée par la paroisse dans les locaux de l'église Sainte-Marie à l'angle de la rue Jules Lemaire et de la rue Champlouis. Cette salle a été créée par la paroisse en réaction à la mauvaise réputation des cinémas, du fait des films projetés et du public qui les fréquentait. On y projetait des films muets, deux demoiselles assuraient l'accompagnement musical dans la salle. La salle Familia accueillait également du théâtre amateur. 46 mn à 47 mn Madame MICHEL nous détaille ensuite les différents lieux de rencontre. Six ou sept cafés étaient situés dans la rue de Paris et la plupart ont disparus. Il y avait aussi des bals, notamment celui qui s'appelait " Les Muses ". Les jeunes filles de la paroisse avaient l'interdiction d'aller au bal. 47 mn à 49 mn Madame MICHEL se souvient des premiers postes de radio à galènes à partir de 1925, 1926 et de leur généralisation dans les foyers en 1931. Les amis et la famille se réunissaient autour du poste pour écouter le bulletin météo. 49 mn à 52 mn Madame MICHEL évoque sa rencontre avec son futur, Georges MICHEL et son mariage en 1931. Monsieur MICHEL était né à Ivry-sur-Seine. A Corbeil, ses grands-parents maternels tenaient un bureau de tabac au coin de la rue du 14 juillet et de la rue Audiffred Bastide. Son grand-père avait été gendarme dans la région de Videlle. Ses grands-parents paternels étaient distillateurs à Ivry-sur-Seine. 52 mn à 54 mn Madame MICHEL évoque son grand-père maternel, Eugène HAMELIN, qui a épousé la fille du bourrelier, Mademoiselle SALLE à Corbeil. Le bourrelier (celui qui fait, vend ou répare des harnais pour bêtes de sommes) était installé rue du 14 juillet à Corbeil. Le couple HAMELIN a habité successivement dans ce qui était la rue du port, au-dessus du boulanger place Saint-Léonard et ensuite dans une maison de l'avenue Carnot à la retraite. A la mort d'Eugène HAMELIN, sa femme a pris un appartement rue des Chevaliers de Saint-Jean. 54 mn à 57 mn Madame MICHEL évoque la carrière de son mari, en tant qu'enseignant à l'école Jules FERRY à Essonnes entre 1929 et 1970. Il a eu des responsabilités politiques dans la Mouvance Républicain Populaire et dans la préparation militaire. Il y enseignait avec Monsieur Rouillon. 57 mn à 65 mn Madame MICHEL se rappelle que la distinction entre Corbeil et Essonnes était forte. Corbeil était la ville administrative, urbaine avec le tribunal et les avoués, alors qu'Essonnes était une ville industrielle et rurale avec les jardins cultivés et les moulins. Il existait une rivalité entre les deux communes et une différence de mentalité. Madame MICHEL se souvient d'un tableau regroupant l'ensemble des métiers exercés à Essonnes depuis 1380, qui avait été constitué par un curé. Beaucoup de métiers étaient liés aux moulins. Elle évoque les seuls moyens de transports qui existaient, la voiture à cheval, le train et la bicyclette. Les taxis étaient des voitures à cheval. Plusieurs relais de poste existaient sur Corbeil. 65 mn à 68 mn Madame MICHEL établit la distinction qu'il existait entre un enterrement civil et un enterrement religieux, qu'elle voyait passer sur le boulevard de Fontainebleau. On lui a relaté l'existence de corbillard à cheval et les portages à bras des cerceuils. Elle nous raconte l'histoire de la statue de Notre-Dame-des-Champs, qui marquait l'ancien emplacement de l'église du Prieuré et qui se trouvait à cheval sur la route et qui avait été détruite sous le règne de Louis XV (à Essonnes, boulevard de Fontainebleau, une statuette de la Vierge marque l'endroit où fut érigée au VIème siècle, une chapelle dédiée à la Vierge. Au XIIème siècle, Suger, abbé de Saint-Denis, y fonda le Prieuré de Notre-Dame-des-Champs. Le redressement de la route, en 1747, détruisit l'église). 68 mn à 75 mn Madame MICHEL évoque la période de la seconde guerre mondiale. Son mari est parti à la guerre le 1er septembre 1939 et en est revenu le 24 avril 1945. Il a été fait prisonnier durant cette période. Elle a du s'occuper seule de ses trois enfants et se souvient des problèmes de ravitaillement qu'elle a rencontrés. Elle utilisait des cartes de lait pour ses enfants pendant l'été 1940. Elle utilisait le Tacot. 75 mn à 79 mn Elle se souvient des promenades à Montconseil qu'elles faisaient avec ses enfants pendant la guerre. Il y avait beaucoup de champs où on y élevait des oies. Elle se souvient également de l'Occupation allemande, des réquisitions et de l'extinction des feux. Les allemands recherchaient des maisons avec le téléphone mais peu en possédait. 79 mn à 82 mn Madame MICHEL relate quelques anecdotes à propos du troc qui existait pendant la guerre. Elle évoque ses souvenirs avec le bouilleur de cru de la côte des fours à chaux (propriétaire qui procède à la distillation du vin, du cidre etc …, provenant de sa propre récolte). Elle raconte qu'elle possédait un verger à Saint-Germain-lès-Corbeil, elle mettait ses fruits au tonneau. Un de ses voisins lui pressait ses pommes avec un pressoir. 82 mn à 85 mn Le ravitaillement des prisonniers fut un grand moment de solidarité avec les fermiers de l'Orne. Madame MICHEL confectionnait des paquets de pomme de terre séchées que le carrossier scellait dans des boites. Madame MICHEL relate une anecdote sur une démarche qu'elle avait entreprise auprès d'un marchand de bois, ce dernier lui réclamait les cigarettes de son mari en échange de bois. 85 mn à 90 mn Lors des bombardements d'août 1944, Madame MICHEL se souvient de la descente au sous-sol de tous les siens pendant les alertes. La gare de Corbeil a été bombardée. Les Américains sont arrivés et ont libéré Corbeil. Madame MICHEL se souvient d'avoir entendu l'appel du général de Gaulle à la radio chez des amis alsaciens qui habitaient Saint-Gilles-Croix-de-Vie. 90 mn à 97 mn Après la guerre, Madame MICHEL s'est investie dans la paroisse. Le journal Cités Nouvelles a été mis en place vers 1951 par des pères franciscains en roulotte et Madame MICHEL en a repris l'animation pendant 20 ans. Ce mensuel contenait des faits d'actualité et des sujets ayant trait à la vie locale (le n° 1 du mensuel chrétien d'informations locales et régionales Cités Nouvelles est en fait à Noël 1965 au prix de 0,50 Francs. Ce journal couvrait les communes d'Evry, de Ris-Orangis et de Corbeil-Essonnes). Sa distribution était assurée, gratuitement, par les gens de son quartier et concernait l'ensemble de la population de la commune d'Essonnes. Ce journal était essentiellement financé par la publicité. Une tentative de fusion avec le journal de Corbeil a échoué. Selon Madame MICHEL, ce journal semblait mieux convenir aux gens d'Essonnes. 97 mn à 101 mn Madame MICHEL donne son point de vue sur l'évolution des mœurs et des coutumes. Selon elle, la période de guerre a été marquée par une très grande solidarité de quartier. Les difficultés étaient partagées. Après la guerre, chacun a intériorisé ses bonheurs et/ ou ses malheurs et la solidarité s'est perdue. Madame MICHEL trouve que la société actuelle est " celle du chacun pour soi, chacun chez soi ". 101 mn à 111 mn Elle trouve que le carcan religieux a disparu, les gens sont plus libres aujourd'hui. Elle met des réserves sur le catéchisme actuel, il est enseigné par des laïcs. Elle pense, qu'actuellement l'argent a trop d'importance dans la vie de tous les jours. Avant, l'honnêteté était sacrée, les gens étaient plus humbles et moins égoïstes. Dans les années 1950-1960, Madame MICHEL espérait une société plus juste, mais celle-ci a évolué vers la recherche du profit.
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Notice établie conformément à la norme ISAD(G), norme générale et internationale de description archivistique (2000), et à la DTD-EAD (Encoded Archival Description), informatisation de la description.
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