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Cette collecte de témoignages oraux constitue une collection sur le thème du cresson et de la cressiculture. Elle faisait suite à une demande du PNR (Parc Naturel Régional du Gâtinais Français) qui souhaitait conserver et valoriser la mémoire des cressiculteurs de l'Essonne. 17 personnes ont été interviewées du 16 juin au 15 décembre 2004 par Christine Mathieu, archiviste oral aux Archives départementales de l'Essonne et par Yannick Le Chaudelec, chargé de mission au Parc Naturel Régional du Gâtinais Français (PNR). Elle représente 17 cassettes DAT et un témoignage uniquement sous forme écrite.
Les témoignages suivent un questionnaire pré-établi :
A) Présentation du témoin 1 - Nom, prénom et âge du témoin 2 - Etes-vous originaire de la région ? 3 - Quel métier exerçait vos parents ? 4 - Quels métiers avez-vous exercés autre que celui de cressonnier ? 5 - Avez-vous vécu ailleurs que dans la région?
B) Devenir cressonnier 1 - Quels sont vos premiers souvenirs liés au cresson ? Avez-vous grandi dans une cressonnière ? 2 - A quel âge avez-vous commencé à exercer votre profession ? 3 - Avez-vous eu le choix ? (si non, quelle autre activité auriez-vous voulu faire ?) 4 - Avez-vous été révolté de ne pas avoir eu le choix ?/ Etiez-vous heureux de pouvoir exercer cette activité ? 5 - Quelle scolarité avez-vous suivi ? (certificat d'étude, lycée, autres ?) 6 - Auriez-vous aimé faire des études ? 7 - Quelles sont les premières tâches que l'on vous a confiées dans la cressonnière ? 8 - Y-avait-il d'autres enfants/apprentis avec vous ? Quel âge ? 9 - Quelles étaient les conditions de travail lorsque l'on débute dans ce métier ?
C) Etre cressonnier 1 - Pouvez-vous nous raconter comment se déroulait une journée ordinaire sur une cressonnière ? 2 - Combien d'heures passiez-vous par jour au travail ? Temps de pause ? 3 - En quoi consistait le métier de cressonnier ? Y a-t-il de grandes différences avec aujourd'hui ? (gestes, outillages, langage..). Parlez-nous des paniers d'osiers, des genouillères, des planches à couper, des rouleaux à cresson, des cabanes et des abris (des rails Decauville). 4 - Combien étiez-vous à travailler sur la cressonnière ? 5 - Pouvez-vous nous expliquer quel type d'ambiance régnait sur les lieux (convivialité, animosité, rivalité, vie de groupe ou individualisme, ambiance familiale ?) 6 - Avez-vous en mémoire des journées qui vous ont marqués particulièrement (événement exceptionnel, hiver glacial, été caniculaire, autres) 7 - Avez-vous souffert de ce métier et comment faisait-on face à la pénibilité de la tâche ? 8 - Est-ce qu'il existe un parler spécifique aux cressonniers ? (patois, chansons) 9 - Quelles sont les images fortes qui vous restent de ce métier ?
D) Autour du cresson 1 - Quel place tenait la culture du cresson dans le village / canton ? 2 - Le métier de cressonnier était-il reconnu ? 3 - Avez-vous eu un rôle important au sein de la commune (maire, conseiller municipal, autres). Racontez-nous l'ambiance dans les conseils municipaux ? 4 - Vivait-on bien de la culture du cresson ? 5 - Pouviez-vous vous accorder des loisirs et si oui quels étaient-ils (bal, cinéma, congés payés, voyages). Est-ce que la Saint-Fiacre vous dit quelque chose ? 6 - Parlez-nous des fêtes du cresson (reine du cresson, chansons, rallye, stands commerciaux, produits vendus.) 7 - Restait-on exclusivement entre cressonnier également en dehors du travail ? 8 - Quelles relations entreteniez-vous avec le reste de la population du village ? Avec les agriculteurs ? 9 - Quelle image pensez-vous que les habitants se faisaient de vous ? 10 - Aviez-vous des relations avec les autres cressonniers de la région ? (rivalité, entraide, syndicalisme, mariage entre familles de cressonniers ?) Pouvez-vous nous raconter comment se déroulaient les réunions syndicales à Paris, en Essonne, dans le village ? 11 - Votre famille s'est-elle entièrement consacrée au cresson ? Recettes avec le cresson ? (origine, fréquence des repas au cresson) 12 - Comment s'organisaient la vente et la commercialisation du cresson, selon les époques ? Utilisation de moyens de transport (chevaux, chemin de fer, camions, vélos, motos). Changements apportés par le transfert des Halles de Paris à Rungis ? 13- Evolution de la demande et des consommateurs.
E) Conclusion 1 - Etes vous fier d'avoir exercé ce métier ? 2 - Quel regard portez-vous sur cette activité aujourd'hui ? 3 - Quels sont les grands changements que vous avez remarqués sur cette activité ? Les témoignages oraux originaux ont été enregistrés sur cassettes DAT et ont été transférés sur CD Audio qui sont les supports de communication et de conservation (13AV19-42).
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Mots clés auteurs
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SOUVENIRS DE ROGER BRISSET Le cresson à Lardy. Réalisé par Christine Mathieu, archives départementales de l'Essonne. Date : 22 novembre 2004
22/11/04
Roger Brisset, cressiculteur de 1937 à 1951 à Lardy.
Roger Brisset, cressiculteur de 1937 à 1950 à Lardy nous raconte ses souvenirs sur sa carrière et sur la culture du cresson dans le parc du château de Mesnil-Voisin.
Etes-vous originaire de la région ? Oui. Son père est né à Baulne, sa mère à Lardy. Ses grands-parents sont de Cerny. Quel métier exerçait vos parents ? Ses parents étaient cressiculteurs à Lardy. Son père est décédé en 1950.Il aurait dû reprendre l'exploitation de son père mais les usines Renault ont acheté les terrains où se trouvaient les cressonnières. En 1951, son bail n'était pas terminé mais il a été résilié parce que les usines Renault se sont installées [cf. documents originaux prêtés]. Sa mère (née Martin) est descendante de cressiculteurs. Son père a commencé le métier au moment de son mariage à 27 ans. Il a appris le métier auprès de ses beaux-parents. Ses grands-parents avaient passé un bail en 1910 avec la propriétaire du château de Mesnil-Voisin. Ses grands-parents étaient originaires de Cerny, hameau de Tanqueux et étaient venus à Lardy pour exploiter les cressonnières en 1910. Il se souvient qu'un des frères de sa grand-mère était également cressonnier à Cerny. Il y avait une cressonnière à Lardy dans le parc du château de Mesnil-Voisin. Renault a acheté le parc du château de Mesnil-Voisin. La source du miroir alimentait la pièce d'eau du parc du château. Renault a récupéré les sources pour les utiliser. Les cressonnières existaient depuis 1910 au moins. Elles dépendaient de la marquise du château de Mesnil-Voisin. Les cressiculteurs n'avaient jamais de contact direct avec elle, il fallait passer par l'intermédiaire d'un régisseur. Ils avaient de bons contacts avec le régisseur. Il fallait donner 10 bottes par semaine à la marquise. Parfois, il allait au château. Pendant la guerre, c'était l'Ecole Universelle de Paris qui était propriétaire du château. Il a été vendu à la société belge Prémua Rogéa, qui avait acheté le parc pour exploiter le bois. Tout avait été rasé. Ensuite, Renault a acheté. Quels métiers avez-vous exercés autre que celui de cressonnier ? Il a été cressiculteur de 14 ans à 28 ans (1937-1951). Ensuite, il a travaillé à la surveillance chez Renault, à Lardy. Avez-vous vécu ailleurs que dans la région? Non. II] Devenir cressonnier Quels sont vos premiers souvenirs liés au cresson ? /Avez-vous grandi dans une cressonnière ? J'ai fait mes premiers pas dans les cressonnières, parfois on tombe dedans, dans l'eau froide. L'osier : A la maison, pendant les soirées d'hiver, on fendait l'osier qu'on récoltait dans le champ d'osier qui se trouvait sur les cressonnières. On triait l'osier fin et l'osier gros. Le fin servait à fabriquer les liens pour attacher les bottes. On coupait les brins à 30 cm et il fallait les fendre avec un rasoir. Les tiges les plus fines n'étaient pas fendues, on s'en servait tout de suite pour les liens. On mettait les liens d'osier dans un grenier pour les faire sécher. On pouvait les conserver secs pendant au moins dix ans. Il suffisait la veille de la coupe de tremper l'osier dans l'eau pour l'utiliser le lendemain. On faisait beaucoup de liens à l'avance. A quel âge avez-vous commencé à exercer votre profession ? Il a commencé le métier de cressiculteur à la sortie de l'école à 14 ans. Il appris le métier auprès de son père. Avez-vous eu le choix ? (si non, quelle autre activité auriez-vous voulu faire ?) Avez-vous été révolté de ne pas avoir eu le choix ?/ Etiez-vous heureux de pouvoir exercer cette activité ? Non. On faisait le même métier que ses parents. C'était naturel de choisir cette voie. A 14 ans, il ne pensait pas à faire un autre métier. C'était automatique. Quelle scolarité avez-vous suivi ? (certificat d'étude, lycée, … ?) Auriez-vous aimé faire des études ? Certificat d'études. Quelles sont les premières tâches que l'on vous a confiées dans la cressonnière ? Quand on commence à couper à genoux sur la planche, c'est difficile. C'est dur pour les genoux. En été, quand on arrête de couper pendant les mois de juillet-août, c'est difficile de reprendre. Y avait il d'autres enfants/apprentis avec vous ? Quel âge ? L'apprentissage se faisait sur le tas. Il n'y a pas d'école pour apprendre ce métier. C'était même difficile pour avoir des ouvriers. On devait les former nous-même pour ce travail. Quelles étaient les conditions de travail lorsque l'on débute dans ce métier ? Il était déjà dans le métier avant 14 ans. Il avait vu comment on faisait des bottes, alors il s'est vite habitué. III] Etre cressonnier Pouvez-vous nous raconter comment se déroulait une journée ordinaire sur une cressonnière ? Combien d'heures passiez-vous par jour au travail ? Temps de pause ? On travaillait tous les jours de 7h à 12h et de 14h à 19h. On travaillait 10 heures par jour. On travaillait tous les jours sur les cressonnières sauf le dimanche. On coupait le cresson toute la journée pour faire des bottes. On arrêtait vers 16h pour emballer le cresson dans les paniers et pour les expédier à la gare. L'hiver, on travaillait avec la lumière du soleil, parce qu'il n'y avait pas d'éclairage, ni sur les cressonnières ni dans les cabanes. Il se souvient d'avoir eu l'électricité dans sa maison de la Chartreuse qu'après la 2ème guerre mondiale. La marquise du château avait déjà l'électricité dans son château. Votre famille s'est-elle entièrement consacrée au cresson ? On entretenait aussi le potager qui se trouvait sur les cressonnières. Le maraîchage permettait de combler le manque à gagner de l'été où il n'y avait plus de cresson à vendre. On vendait des légumes en vente directe auprès des clients locaux (particuliers, épiciers). Quelque fois, on expédiait le surplus de poireaux aux Halles. On utilisait un cheval pour labourer le potager. En quoi consistait le métier de cressonnier ? Y a-t-il de grandes différences avec aujourd'hui ? (gestes, outillages, langage..). Parlez-nous des paniers d'osiers…, des genouillères…, des planches à couper, des rouleaux à cresson, des cabanes et des abris. (des rails Decauville). Comment s'organisaient la vente et la commercialisation du cresson, selon les époques ? Utilisation de moyens de transport (chevaux, chemin de fer, camions, vélos, motos…). Changements apportés par le transfert des Halles de Paris à Rungis ? La coupe à genoux : on coupe à genoux sur une planche avec des genouillères. On coupe par tous les temps. Au printemps, en mars et avril, c'est la grosse saison du cresson. On est obligé de travailler par tous les temps. La planche était en bois et d'une largeur d'environ 35 cm. On devait la tourner pour avancer au fur et à mesure de la coupe. Parfois, on risquait de tomber. Les habits de travail : on portait un caparaçon : c'est un cadre entouré de toile avec un carré rembourré par-dessus. Quand il y avait du vent, on risquait de s'envoler avec. On mettait aux pieds des sabots en bois, les bottes n'existaient pas. Le transport du cresson : on expédiait tout le cresson à la gare de Lardy par le train. On livrait le cresson le soir et le train partait vers 21 heures pour l'emmener aux Halles Centrales de Paris. Le cresson arrivait aux Halles pour 5 heures le matin. Les Halles de Paris : Aux Halles de Paris, il y avait trois mandataires : Beugnon, Reynal et Klein. On allait parfois à Paris pour voir comment se vendait le cresson. Parfois, on expédiait du cresson pour rien. On n'avait juste de quoi payer les frais de transport et les frais de mandataire. C'était un travail à revenu irrégulier, on ne savait pas si on allait gagner ou perdre de l'argent. Quand on ne vend pas le cresson le jour même, il est jeté parce qu'il n'est plus assez frais. Parfois, les mandataires venaient visiter les cressonnières. Il y avait une bonne entente entre nous et eux. La vente directe : parfois, il vendait du cresson aux clients locaux de Lardy et Janville. Il se souvient que le dimanche matin avant la messe, il livrait du cresson au restaurant de Lardy l'Espérance. Les paniers d'osier : on mettait 216 bottes (18 douzaines). C'était un art de mettre 216 bottes dans les paniers. Quand on avait coupé le cresson et fait les bottes, on les chargeait dans de grandes brouettes à cresson et on les mettait dans un grand bassin rempli d'eau qui se trouvait dans une cabane au bord des cressonnières. Une personne se positionnait sur une planche au travers du bassin pour passer les bottes à une autre personne qui emballait le cresson dans les paniers. On passait deux bottes par deux bottes. Il fallait être deux pour faire ce travail. Ensuite, on habillait le panier avec six ficelles. Le panier était ovale et on mettait trois ficelles de chaque côté. Pour mettre le cresson, on les rabattait à l'extérieur. On commençait à mettre les bottes dans le panier. A partir d'une certaine hauteur, on rabattait les ficelles vers l'intérieur. On mettait ensuite des bottes de cresson jusqu'en haut du panier pour atteindre le nombre de 216 bottes. Les bottes dépassaient de 10 cm du panier, alors on devait les attacher avec de la paille de seigle. On faisait une couronne au-dessus du panier avec la paille de seigle attachée aux ficelles du panier. On repassait les ficelles dans les œillets des paniers et la paille de seigle dans les anses. Il fallait que cela soit solide pour le transport. On apprenait petit à petit à emballer le cresson. C'était joli, on ne voyait que la feuille de cresson. Ces paniers servaient pour la vente et devaient être attrayants pour les clients. Les bottes de cresson : on avait un couteau qui était en fait une pointe de faux qui est découpée. On y mettait un manche. C'est un couteau très tranchant. En hiver, le cresson est plus petit qu'au printemps. La coupe n'est pas la même selon les périodes de l'année. En hiver, parfois on ne se sert pas du couteau, on prend seulement des poignées de cresson et on fait les bottes. Quand il est grand, on prend de grandes poignées qu'on coupe avec le couteau. Les bottes étaient attachées avec des brins d'osier qui faisaient 30 cm de longueur. On enroule le cresson avec l'osier. On n'y arrive pas du premier coup, c'est un savoir-faire à acquérir progressivement. Le semis du cresson : Pour semer, il faut déjà arracher le cresson qui est dans les fossés avec un croc ; au mois de mai, il est en fleur. On le met sur la berge pour le faire sécher et on l'évacue avec la brouette. Ensuite, il faut assécher les fossés. Les fossés sont alimentés par un fossé où il y a un tuyau qu'on peut boucher ou laisser ouvert à notre guise. Tous les fossés ne sont pas asséchés en même temps. On nettoie le fond des fossés pour qu'ils soient propres et plats, on enlève la vase avec une raclette en bois. Cette vase est mise sur le côté de la berge, on ne descend pas dans les fosses de risque d'abîmer le fond avec les pieds. On fait toutes ces tâches en se penchant. La vase est évacuée à la brouette. Quand les fossés sont très secs, on sème seulement quelques uns. Les graines de cresson sont très fines, alors il ne faut pas qu'il y ait de vent quand on les sème. La graine de cresson est très chère mais on récupérait chaque année les graines pour l'année suivante, parfois on échangeait des graines entre cressiculteurs. Quand on avait semé, on attendait quelques jours que la graine germe. Si le sol était très sec, on mettait un petit filet d'eau pour arroser le fond en ouvrant les vannes du fossé d'alimentation. Au fur et à mesure que le cresson montait, on mettait l'eau à hauteur du cresson. Quand le cresson pousse, il est trop dru. On dégarni quelques brins pour les replanter dans les autres fossés qui sont déjà en eau. Pour replanter, il faut commencer en haut du fossé. On est sur la planche au-dessus du fossé et on jette des poignées de cresson pour les enraciner. Le lendemain, le cresson est debout. On sème au mois de juin - juillet. Pour replanter le cresson, on le fait en août. On peut alors couper le cresson de la saison suivante dès la fin août - début septembre. On mettait de l'engrais : du phosphate de chaux. Après avoir mis l'engrais, on devait rouler le cresson avec le rouleau pour bien le mélanger. On faisait cette tâche pour ne pas brûler les feuilles. Le rouleau : ce sont des rouleaux en bois avec des lattes. Ils servent à rouler le cresson dans le sens du courant de l'eau. Selon la taille du cresson, on utilise le petit ou le grand rouleau. On doit être deux sur chaque berge pour tirer les chaînes du rouleau. On roule souvent le cresson, presque tous les jours. L'entretien : on devait faucher l'herbe à la faux pour entretenir les chemins situés entre les fosses. Rien n'était mécanisé. Le transport du cresson : on emmenait le cresson à la gare de Lardy, à 2 kms des cressonnières. On utilisait le cheval, surtout avant la 2ème guerre mondiale. Après la guerre, Monsieur Brisset connaissait un commerçant de Lardy qui aller aux Halles de Paris 2 ou 3 fois par semaine pour expédier son cresson. Le commerçant partait avec le cresson dans son camion vide et revenait avec les marchandises qu'il avait achetées aux Halles. Combien étiez-vous à travailler sur la cressonnière ? Son père avait deux ouvriers jusqu'en 1939. Pendant et après la 2ème guerre mondiale, il n'avait plus d'ouvriers. Avant la 2ème guerre mondiale, les cressonnières étaient entièrement exploitées. Après, la 2ème guerre mondiale, on a exploité plus que la moitié. Il n'y avait plus d'ouvrier. Le père et le fils travaillaient ensemble. Les ouvriers de son père étaient originaires de Janville et de Lardy et étaient formés pour l'occasion. Pouvez-vous nous expliquer quel type d'ambiance régnait sur les lieux (convivialité, animosité, rivalité, vie de groupe ou individualisme, ambiance familiale… ?) C'était une ambiance familiale agréable. Avez-vous en mémoire des journées qui vous ont marqués particulièrement (évènement exceptionnel, hiver glacial, été caniculaire, autre…) Certains hivers, on devait attendre que le cresson dégèle le matin. Il fallait renfoncer ou rouler le cresson pour ne pas qu'il gèle. Certains hivers, il faisait -10°C pendant 15 jours. Dans ces moments là, on surveille le cresson pour ne pas qu'il sorte de l'eau. On doit l'enfoncer dans l'eau vers 12h-13h. A cette époque là de l'année, il y avait beaucoup de canards et de poules d'eau qui passaient sur les fosses et le cresson était brûlé à cet endroit parce qu'il était sorti de l'eau. On n'utilisait aucun piège. En hiver, on travaillait beaucoup moins parce qu'il n'y avait pas beaucoup de cresson et parce que la nuit tombait de bonne heure. IV] Autour du cresson Quelle place tenait la culture du cresson dans le village / canton ? Quelles relations entreteniez-vous avec le reste de la population du village ? Avec les agriculteurs ? Quelle image pensez-vous que les habitants se faisaient de vous ? Aviez-vous des relations avec les autres cressonniers de la région ? (rivalité, entraide, syndicalisme, mariage entre familles de cressonniers… ?) Pouvez-vous nous raconter comment se déroulaient les réunions syndicales à Paris, en Essonne, dans le village … On s'entraidait beaucoup entre personnes du même village et aussi avec l'autre cressonnière de Janville qui été exploitée par des cousins. On s'entraidait pour la coupe du cresson. Mais avec les autres cressiculteurs de la région, il n'y avait pas beaucoup de contact parce qu'ils se trouvaient trop éloignés. Les moyens de transport n'étaient pas aussi développés comme maintenant (cheval, vélo). Le syndicat n'existe pas. Pouviez-vous vous accorder des loisirs et si oui quels étaient-ils (bal, cinéma, congés payés, voyages…). Est-ce que la Saint-Fiacre vous dit quelque chose ? On ne connaissait pas les fêtes, ni les vacances. Il raconte que le plaisir de son grand-père était le travail. Sa seule distraction était de jouer aux cartes avec ses amis le dimanche après-midi. Son grand-père a arrêté de travailler dans les champs et couper du bois jusqu'à 78 ans. Quand les congés payés sont arrivés, il trouvait que ce n'était pas possible de payer des gens à ne rien faire. Son père non plus ne connaissait pas les congés. Il fallait toujours surveiller le cresson toute l'année. Il n'y avait pas de fête spécifique au cressiculteurs. Recettes avec le cresson ? (origine, fréquence des repas au cresson) Dans sa famille, on mangeait du cresson de temps en temps, mais n'en raffolait pas. C'était le plat de fête. On le mangeait avec du jus de viande ou en soupe. Il mange plus de cresson actuellement. V] Conclusion Etes vous fier d'avoir exercé ce métier ? Quand il a changé de métier, il a trouvé que son nouveau métier était plus reposant que celui de cressiculteur. Il a été fier d'exercer ce métier mais il n'a pas regretté de le quitter. Il pense que c'était un métier trop aléatoire. Il est content d'avoir choisi un métier plus sûr et moins fatiguant à Renault. Sa femme aussi a été employée par Renault comme secrétaire du directeur et lui était responsable de la surveillance des bâtiments. Quel regard portez-vous sur cette activité aujourd'hui ? Il pense qu'il est parti de ce métier au bon moment avant le déclin. Il n'a pas connu la crise de la douve du foie. Quels sont les grands changements que vous avez remarqués sur cette activité ? Après son arrêt, il ne s'est pas tenu au courant des activités liées à la cressiculture.
Conditions d'accès
NC Numérisé [substitution:13AV/38/]
sans délais
Langue des unités documentaires
Informations sur le traitement
Notice établie conformément à la norme ISAD(G), norme générale et internationale de description archivistique (2000), et à la DTD-EAD (Encoded Archival Description), informatisation de la description.
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