FONDS AUDIOVISUEL DE L'ASSOCIATION MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT DE CORBEIL-ESSONNES

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

6AV/1-113

Date

1997-2012

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de l'Essonne

Description physique

140 articles

Origine

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service producteur)

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service versant)

Modalités d'entrées

Don

Présentation du contenu

Au mois de juin 1995, l'association Mémoire et Patrimoine vivant, dont le siège est à Corbeil-Essonnes, au 10, rue de la Commanderie, prenait spontanément contact avec les Archives Départementales de l'Essonne pour présenter son activité d'enquête orale auprès des témoins essonniens ayant vécu les principales transformations de l'ancienne Seine-et-Oise puis de l'Essonne depuis le début de notre siècle. Très vite, l'idée d'une collaboration entre l'association et les Archives départementales naquit et, se précisant, aboutit à une convention de dépôt des entretiens filmés entre Mémoire et Patrimoine vivant et le Département de l'Essonne, approuvée par délibération du 22 avril 1996. Cette convention a un objectif très précis : la sauvegarde, dans une institution publique pérenne, d'une mémoire collectée par des acteurs passionnés du mouvement associatif, auprès de particuliers représentatifs du monde industriel, commercial, scientifique de l'Essonne. La spécificité de l'association est son choix de l'image animée, novateur actuellement en France dans le domaine des enquêtes orales. Mémoire et Patrimoine vivant part d'un constat simple, qui fixe les apports de chacun des partenaires : à l'association, la collecte, les démarches visant à obtenir des témoins l'accord pour une diffusion et une communication immédiate ou après délai de l'enquête ; aux Archives, l'analyse normalisée des reportages sous la forme de bordereaux appelés aussi à l'Institut national de l'audiovisuel ou dans les chaînes régionales de télévision -conducteurs-, la conservation matérielle et, si l'accord du témoin est obtenu, la communication au public dans la salle d'audiovisuel prévue à cet effet. Des réunions régulières entre les bénévoles de l'association et les collaborateurs des Archives de l'Essonne permettront aux bordereaux d'évoluer et de s'harmoniser. Une quarantaine d'entretiens a été réalisée depuis deux ans et les analyses se poursuivent aux Archives départementales qui développent ainsi un nouveau secteur d'activité prenant en compte tous les supports de la mémoire d'aujourd'hui.

Langue des unités documentaires

Français

MEMOIRE DE ROGER TREPANT

Cote/Cotes extrêmes

6AV/147

Date

2011

Importance matérielle

02/52/00

Caractéristiques physiques

produit fini, Cassette audio, Interview

Origine

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service producteur)

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service versant)

Modalités d'entrées

Don

Présentation du contenu

MEMOIRE DE ROGER TREPANT

17/05/11

Roger Trepant

Roger Trepant est né en 1920. Il a fait son apprentissage de tapissier dans le quartier populaire de la Bastille avant la dernière guerre. Sa mère tenait une boutique de parapluies dans le 11 eme arrondissement. Il a 20 ans en 1940 et ne supporte pas la présence des allemands en France. Très vite, il adhère à la résistance et est déporté au camp de Gross Rosen ou il a vécu l’enfer. C’est finalement à Prague qu’il a été libéré et hospitalisé avant de revenir a paris. Au retour, on en parlait pas, même ses parents ne le croyait pas cela leur paraissait trop gros. En 2011, à 91 ans, il continue régulièrement à témoigner dans les écoles pour que les enfants n’oublient pas.

00 à 02 min Quelle est votre date de naissance ? Le 4 juin 1920. Vos parents faisaient quoi ? Mon père a été mobilisé pendant la guerre 1914-1918. Il a été appelé en 1916 et il a été blessé deux fois. 02 à 04 min Ma mère était sa marraine de guerre. Ils ont commencé a se fréquenter et ils se sont marié en 1919. Votre mère venait d’auvergne ? Oui avec sa famille s’était tous des auvergnats. Elle faisait un métier particulier ? Oui comme mon grand père, elle faisait des parapluies. Elle a été placée très jeune chez une fabricante de parapluies. Vous avez été à l’école ou ? A Vitry Vous avez été jusqu’au certificat ? Non, je suis aller au collège jusqu'à 13 ans et ensuite mes parents sont venu me chercher pour aller vers la professionnalisation comme je n’étais pas porté sur les études. 04 à 06 min Comme j’aimais beaucoup la tapisserie, j’ai été chez un patron à coté de la Bastille, rue du faubourg saint Antoine Ce faubourg est spécialisé dans les meubles ? Oui, il y avait des ébénistes, des tapissiers. 06 à 08 min Vos parents étaient à leur compte ? Ils se sont installés dans les parapluies à Ivry sur seine en 1921. Je me rappelle que les rues n’étaient pas faites. Elles n’étaient pas pavées ? Oui. Vous avez vu le progrès arriver, ça s’est manifesté comment dans votre famille ? 08 à 10 min Dans le temps on utilisait le battoir puis des machines ont commencé à arrivée. Chez vous il y avait la radio ? Mes parents l’ont eu quand j’ai eu 8 ans. C’était un événement ? Hé oui. Vos parents l’écoutaient en travaillant ? Non, ils chantait toujours la même chanson. 10 à 12 min Mon père n’était pas tout le temps là, il faisait les tournées. Il a eu des clients célèbres ? Maurice Thorez. 12 à 14 min Ils prenaient le temps de lire un journal ? Non pas trop. Les gens avait leur jardins a eux ? Oui beaucoup. 14 à 16 min Vous avez connu les réverbères à gaz ? Oui mais ça n’a pas duré longtemps. Vous avez vite eu l’électricité ? Oui. La Bastille a été le lieu de beaucoup de manifestation, vous y êtes allé ? J’ai connu la grande manifestation de 1936. J’y étais avec un ami, il y avait la garde mobile, la garde républicaine. Vous vous aviez envie que les choses changent ? Oui, j’ai été à la CGT. 16 à 18 min Vous avez vu arriver le Front Populaire. Oui et on a eu les congés payés. Ça a été quelque chose. C’était une liesse magnifique parmi les ouvriers. Vous êtes partis vous ? Mes premières vacances c’était en auvergne. Vous faisiez beaucoup de sport ? Oui, du football, de la natation. 18 à 22 min Avec ce métier vous êtes rentrée dans de belles comme l’ambassade d’Allemagne. C’était magnifique. Le bâtiment a été construit sous Napoléon et il y avait encore beaucoup de choses anciennes dedans. C’était en quelle année ça ? J’ai fait mon apprentissage de 1933 à 1936. En 1933, Hitler arrive au pouvoir. Que saviez vous de lui à cette époque ? Franchement rien, c’est vers 1937-1938 que l’on a commencé à s’intéresser à la politique à travers les journaux et les actualités. Il y avait une inquiétude qui se manifestait déjà 22 à 24 min Pour vous les adultes en parlaient plus que les jeunes ? Oui. Quand il a envahi la Pologne, la entre jeunes on a commencé à en parler. En 1940, pour vous c’est le conseil de révision ? A la déclaration de la guerre, il n’y a que le premier contingent qui est partis. Celui dont je faisais partis n’a pas été appelé Vous avez un souvenir de la déclaration de guerre ? Ce que je peux vous dire c’est que le pays n’était pas préparé. 24 à 28 min Personne n’attendait vraiment la guerre. Les gens continuaient à vivre normalement, la ligne Maginot était imprenable. Vous partez en exode ? Ma mère avait une jeune sœur qui avait emmené ma petite sœur en auvergne. 28 à 30 min Mes parents m’ont dit de les rejoindre tantôt par le train, tantôt par le vélo. Votre premier allemand, nazi vous l’avez vu quand ? J’avais la rage au cœur, tellement que le maire ne voulait plus me voir Vous vouliez les mettre dehors ? Vous auriez fait pareil. 30 à 32 min Le maire du village était un collaborateur qui a été fusillé par la résistance, il faisait parti de la cinquième colonne. C’était quoi ? On savait qu’il fallait faire attention, ne pas parler devant eux. 32 à 34 min Ils étaient pour le parti allemand. Quand est ce que vous avez découvert radio Londres ? Ça nous as fait quelque chose d’entendre parler de de Gaulles. Ça a été un souffle d’espoir ? Oui, c’est rentré en nous tout doucement. Vous vous êtes dit un jour je vais rentrer dans la résistance ? On ne venait pas nous chercher. Au début c’était surtout les communistes. 34 à 38 min Je suis rentré dans la résistance quand j’ai vu mon premier allemand. Vous avez été témoin de l’arrestation de juifs ? Oui mais avant les juifs il s’est passé beaucoup de chose. 38 à 42 min Quand vous dites ne pas vouloir descendre de vélo devant les allemands, c’est déjà un acte de résistance, qu’est vous avez fait d’autres ? Vers 1942, je me cachai un peu et j’ai fait du sabotage. J’ai vu le départ des juifs car ou on habitais dans le 11 eme, il y avait beaucoup d’israélites. 42 à 46 min Il y avait le service du travail obligatoire (STO). Comme ça allait mal je suis parti à Sommelans et avec les jeunes du pays on a commencer a faire des petits sabotages et au bout de trois mois j’ai été repéré et j’ai du partir. J’ai appris qu’un régiment se formait à Grenoble pour partir dans les colonies via Toulon. J’ai passé la ligne de démarcation et je me suis engagé. On a fait des manœuvres d’embarquements. 46 à 50 min On a été démobilisé et je suis rentré a Paris chez mes parents. Je ne voulais pas partir en Allemagne alors je suis rentré dans les pompes funèbres en tant que décorateur. 50 à 54 min Pendant ce temps la, la gestapo a prit des renseignements sur moi et mes parents au commissariat. Un mois après ma parents ont reçu une lettre me demandant de rejoindre la gare de l’est tel jour pour aller travailler en Allemagne et si je n’y allais pas ils prenaient un autre membre de ma famille. En otage ? Oui, c’était mon père et a ce moment il avait au environ de 50 ans donc je suis partis. Là bas, j’ai fait des sabotage sur des machines et je suis allé en prison. Ça n’a pas duré longtemps mais ensuite j’ai été arrêté par la gestapo puis en prison à Breslau. Vous êtes passé en jugement ? Oui et ça allait vite. On vous donne la parole ? Non. Vous comprenez à quoi vous êtes condamnée ? Non. 54 à 58 min Les seuls mots qu’on a compris, c’était dan les camps. Votre condamnation, c’est de partir en camp de concentration ? Oui, à Gross-Rosen. Vous saviez ce que c’était un camp de concentration ? Non. On y a été en train. Il y avait des chiens ? Oui avec les SS. Quelle est votre première vision ? 58 à 60 min L’entrée du camp. On a été déshabillé puis rasé des pieds à la tête puis on nous a distribué les habits du camp. Gross-Rosen, c’était en Pologne ? Oui. Il y fait plus froid qu’en France ? Oui, un froid sec. 60 à 62 min Personne ne parlait ? On n’avait pas le droit. Vous étiez entre français ? Non, il y avait toutes les nationalités. Il y avait plusieurs catégories entre prisonniers ? Nous on avait le triangle rouge pour les déportés politique avec le f en tant que français. On vous attribue un matricule ? Oui.. Il était gravé sur vous ? Non sur un carton et il fallait l’apprendre en allemand. 62 à 64 min Vous n’avez rien ramené ? Non. Dans quel état vous étiez ? Mal, je me rappelle être au block 17 et mon chef c’était un polonais de 14-15 ans qui nous tapait dessus. Les baraquements étaient chauffés ? Non. 64 à 66 min Qu’est ce que vous aviez comme couverture ? C’était surtout le réchauffement par le nombre. Vous en aviez plusieurs ? On était deux par lits. Qu’est ce que vous faites exactement dans ce camp ? On a été formé pour faire partis du kommando de la carrière de granit. Elle était en dehors du camp et on partait toujours en musique. Qui jouait ? Des déportés. 66 à 68 min Vous partiez au travail en musique ? Oui et les SS nous surveillaient et nous escortaient. Quels étaient les horaires ? Le matin on se levait vers les 5 heures. Vous n’aviez pas de montre ? Non. Vous aviez quel jour vous étiez ? Non. Quel genre de soldats vous accompagnaient à la carrière ? C’était surtout les kapo. C’était quoi un kapo ? C’était un prisonnier comme nous. Ils étaient beaucoup polonais car ils parlaient allemand 68 à 72 min J’ai tenu parce que j’avais une bonne santé ayant fait du sport Comment était la carrière ? Elle était très profonde, le granit servait à faire les routes. Il y avait plusieurs postes dans la carrière ? Non, enfin il y avait ceux qui piochaient et ceux qui poussaient les wagonnets. Qu’est ce que vous mangiez dans une journée ? Le matin, un bol de soupe et un bout de pain et on apportait à manger sur la carrière. 72 à 76 min Est ce qu’il y avait un four crématoire ? Oui. Il y avait des chambres à gaz ? Non. Est-ce que vous pouviez laver vos vêtements ? Non. Vous avez gardé les mêmes vêtements pendant deux ans ? Oui. Vous aviez des sous-vêtements ? Non. 76 à 78 min Vous ne pouviez pas vous raser ? Non. Les cheveux poussaient ? On était tondus pour ça. Y avait il des différences de traitements selon les prisonniers ? Il y avait des juifs avec vous ? Non, des juifs il en est arrivé à la fin 1944. 78 à 80 min Ils avaient un traitement à part ? Non, ils étaient avec nous. Et ce camp vous allez le quitter ? Oui, en décembre 1944. On est partis en train. Vous avez été évacué à cause de l’avancée des alliés ? Non, c’était pour travailler, pour construire des v2. C’était une usine souterraine. 80 à 84 min Il y avait des galeries partout ? Oui, elles faisaient au moins 80 mètres de profondeur. On ne savait pas ce qu’on faisait, juste que c’était des moteurs. Vous avez vu des pendaisons ? Oui. C’est arrivé souvent ? Non pas trop. En hiver, il devait y avoir plus de mort qu’en été ? Oui. 84 à 86 min Vous vous couchiez en habits ? Non, on se déshabillait. Même l’hiver ? Oui. Quand on était trop nombreux et qu’on couchait par terre, la on les gardait. Vous aviez de la vermine ? Oui et des poux, on passait au dépouillage. Ça se passait comment ? C’était le dimanche entre nous. 86 à 88 min Il y avait un jour de congé ? Non. Au deuxième camp ou vous êtes allé il y a eu du typhus ? Oui. Quand avez rencontré monsieur gaucher ? Au dortoir. 88 à 90 min Il m’a raconté sa vie. Il était plus vieux que moi. Il faisait de la résistance ? Oui avec son fils. Il travaillait à la préfecture de police de Paris et ils cachaient des armes dans leur jardin. Il m’a tout raconté et je n’ai rien oublié. 90 à 94 min Vous êtes aller voir sa femme à votre retour ? Oui après être passé en maison de repos. C’est ma mère qui s’est renseigné au commissariat pour savoir l’adresse. Comme il était peintre, elle m’a donné deux de ses tableaux que j’ai légué à la préfecture de police. 94 à 98 min Ils m’ont dit que cela valait peut être mieux de les remettre à la marie de Fontenay sous bois et j’ai donc fait une donation. Quand les SS ont senti que la guerre se finissait, ils sont devenus complètement fous ? En 1945, le typhus est venu dans le camp. Moi je l’ai attrapé et j’ai été dans une baraque spéciale et tous les matins, ils venaient chercher les corps. J’y ai passé quelques 20 jours et un jour j’ai pu me traîner dehors, je ne l’avait plus. 98 à 102 min Ce qui m’a sauvé, c’est les vaccins que j’avais reçus à Grenoble. Parlez nous du déménagement. Ça a été terrible. Les SS étaient vraiment mauvais, c’était en fin de matinée, ils nous ont dirigé vers un train. Comme la, on était à 60 kilomètres de Prague, les alliés nous encerclaient. C’était des wagons comment ? 102 à 104 min A charbon, il n’y avait pas de toit. Les SS eux en avait. On a fait demi tour, on a plus eu à manger. Les russes nous ont survolés. C’était un espoir pour vous ? Oui, ils ne nous ont pas bombardés. On est la en avril 1945, il ne devait pas faire chaud ? 104 à 108 min On était serrés les uns aux autres. Vous étiez combien par wagon ? Une soixantaine. Quand on pouvait, on mangeait de l’herbe ou du charbon. Et à boire vous en aviez ? Non. Le 27 avril 1945 vous n’êtes pas près de l’oublier ? C’était le soir, on s’était étendu et tout d’un coup on entend des voix allemandes. Ils ont ouvert les portes et nous ordonnés de nous lever. On est descendu, c’était des jeunes qui nous gardaient la nuit.. Il y avait une différence de comportement avec les plus vieux ? Les jeunes c’était des fous. Ils nous ont fait mettre sur trois rangs. Un interpretre nous dit qu’il y a eu lieu un vol de pain dans la journée. 108 à 110 min Si le coupable ne se dénonçait, ils en fusillaient dix d’entre nous. Ils nous ont dit de nous mettre par terre. Ils passaient dans les rangs et on voyait nos camarades tomber. Ils choisissaient au hasard et le choisi devait se lever et était exécuté. On est terrorisé à ce moment là ? 110 à 114 min On ne réalise pas. D’un coup, un vieux SS est arrivé et a disputé les jeunes. On nous a dit de rentrer dans le train. Puis ils sont revenus nous chercher pour ramener les corps de nos camarades. Le lendemain, ils sont venus dans les wagons à la recherche de juifs. Ils cherchaient les juifs parmi vous ? Oui. Ils les cherchaient pour les fusiller. Il y a eu combien de fusillés ? Une vingtaine. On est arrivé a la gare de Prague avant l’insurrection. On a entendu des coups de feus et des patriotes tchèques nous ont délivrés. Ils ont attaqués le convoi et ils ont pris que deux wagons dont le mien. 114 à 116 min Les SS ont abandonné le convoi un peu plus tard. Vous avez réalisé la situation sur le moment ? Non On était trop faibles pour réagir. Ils nous ont emmené dans un hôpital de la ville. Les SS étaient partout et les patriotes ont mêmes tirés de notre chambre. Le lendemain, les avants gardes russes composées de mongols sont arrivées. A partir de quel moment vous avez senti que c’était la fin du cauchemar ? 116 à 118 min A l’hôpital, l’espoir est revenu. On a été désinfectés par des sœurs mais il en a qui sont morts à l’hôpital car les gens nous ont apportés à manger et pour certains le fait de trop manger les a tués. A ce moment la, ça devait être la panique chez les SS ? Pour sauver leur peau, ils enfilaient les habits des prisonniers morts. A l’hôpital, des familles tchèques sont venues vous voir ? Oui. Ils ont été formidables. C’était la première fois qu’on vous témoignait de l’affection, de l’amitié ? Oui 118 à 122 min Ils nous ont emmené à l’institut français. A ce moment là, vous découvrez plusieurs choses comme le débarquement des américains. Oui De Prague vous rentrez en France ? Oui, on a été emmené sur un aérodrome. On a prit un dakota qui était un avion militaire. On est arrivé à l’aérodrome de Lyon. Quel effet ça vous a fait de rentrer en France ? On était groguis. Comment vous êtes accueillis ? On a été accueillis par l’armée et on nous amené à la gare ou un train spécial nous attendait. 122 à 126 min Vous arrivez ensuite à l’hôtel Lutécia. D’abord, on était à l’hôpital Bichat puis l’hôtel Lutécia. C’était quand ? Au mois de juin 1945. Et l’ambiance ? Il y avait du monde. On était plus en tenues de déportés, on avait des habits militaires depuis Prague. Ca s’est passé comment ? Ils nous demandait qui on était et ou on habitait pour aller prévenir nos familles. Il y en avait dans l’hôtel ? Oui 126 à 130 min Des gens brandissaient des photos ? Oui pour savoir si on avait connu untel. Quand je suis revenu personne ne me croyait Quand vous étiez au camp, personne ne savait que vous étiez là ? Mes parents ont su que j’avais été arrêté mais il ne savait pas ou j’étais. Comment se sont passées les retrouvailles ? Mon père m’a embrassé en pleurant. Il y a eu de la solidarité entre déportés après la guerre ? Oui 130 à 132 min Vous avez estimé comme un devoir d’aller voir madame gaucher mais vous avez aussi retrouvé le fils d’un de vous camarade de déportation. Oui, il habitait dans la creuse et il est mort dans mes bras mais je ne me souvenais plus de son nom Vous avez pu retrouvez sa famille ? Quand on est revenu, on pouvait aller dans familles qui accueillaient les déportés. L’une d’elles étaient dans la creuse et dans le village du déporté mort. 132 à 136 min Alors j’y suis allé et j’ai demandé des renseignements à la population. Sa famille est venue me rencontrer. J’ai fait la déclaration sur l’honneur à la mairie pour dire qu’il était décédé. Quand vous êtes rentré en France votre réflexe, s’était d’acheter de la nourriture ? Oui, c’était comme une maladie. Quand vous parliez de tout ça, pratiquement personne ne vous croyait ? Oui. Ma mère ma cru quand elle a lu l’histoire du fusillé numéro 4. Quelle était son histoire ? Il a été dans le même wagon que moi quand on est parti du camp. Il était tout le temps avec le même camarade. Quand les SS nous ont dit de nous coucher dans le champ, ils étaient l’un à coté de l’autre. Le déporté a été le quatrième choisit mais il s’est recouché et le SS croyait le reprendre, en fait il a prit son meilleur ami. 136 à 140 min Son camarade est mort pour lui. Il a e écrit pour que son témoignage soit publié dans la patriote résistant et il s’est suicidé. Il a fallut que votre mère lise le journal pour vous croire ? Pour elle, c’était pas croyable. Quelle a été votre réaction ? Il fallait faire avec 140 à 144 min en 1994, j’ai retrouvé par hasard, le descendant d’un camarade mort dans le cham et avec sa famille, on a été faire un pèlerinage. Vous êtes retourné sur place ? Oui et au camps de concentration. Et c’est la qu’on a fait un petit livre qu’on a eu l’idée de faire passé dans les écoles et je l’ai appelé le wagon numéro 16. Vous avez besoin de vous retrouver entre vous ? Oui, c’est une grande joie. On se comprend entre nous. 144 à 148 min Quand vous vous retrouvez, qu’est ce que vous vous dites ? On parle de la santé des uns et des autres. De cette expérience, vous gardez quoi ? Ça dépend des moments. Vous pourriez pardonné aux jeunes SS ? Je ne sais pas, c’était des fanatiques et à la fin c’était des criminels. Vous leur trouvé des excuses ? Non 148 à 150 min Votre camarade qui s’est donné la mort, c’est parce qu’il culpabilisait. Et vous vous avez eu ce sentiment ? Oui. Quand vous étiez au camps vous aviez conscience de l’ampleur de ce désastre ? Non, pas du tout. La vie de tout les jours c’était les ordres, le travail. On ne peut plus penser ? Oui. 150 à 152 min Et quand vous revenez, ça doit être dur de reprendre une vie normale ? On a fait des repos dont le dernier était à annecy. Ceux qui sont revenus, c’est les plus jeunes, les plus en formes. On pouvait tenir combien de temps à un régime comme ça ? Ça dépendait de la constitution. Il y avait des postes plus ou moins terribles ? 152 à 156 min Il n’y avait pas d’emplois privilégiés à part les coiffeurs. Il y avait des gestes de solidarité entre vous ? On ne se faisait pas de mal. Il y en a eu pour qui c’est la condition mentale qui a permit de survivre ? Moi. J’ai été élevé dans la religion catholique et quand j’ai eu le typhus, j’avais des penchants de me dire si je reviens je me fais prêtre et un ami curé me l’a déconseillé. 156 à 160 min Il vous arrivait de penser à votre famille ? On y pensait mais on n’avait pas trop le temps. Vous aviez une peur permanente ? Oui, il fallait faire tout le temps attention. Vous avez eu peur de mourir ? Surtout à la fin. Après ça, est ce qu’on peut encore croire en l’homme ? Oui, il ne fait pas mettre tout le monde dans le même sac. 160 à 164 min Quand vous rencontrez les jeunes, vous le faites dans quel but ? Pour la mémoire de nos camarades. Au camp de gross rosen, on estime qu’il y a eu 40000 décès, ça veut dire 1 mort sur 5. Oui 164 à 168 min C’est important que les jeunes connaissent cette mémoire ? Oui. Ça vous apporte quelque chose le contact avec les jeunes ? Oui, beaucoup.

Conditions d'accès

sans délais

Langue des unités documentaires

Français

Informations sur le traitement

Notice établie conformément à la norme ISAD(G), norme générale et internationale de description archivistique (2000), et à la DTD-EAD (Encoded Archival Description), informatisation de la description.

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