TEMOIGNAGES ORAUX REALISES PAR LES ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE L'ESSONNE - LE CRESSON EN ESSONNE.

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

13AV/1-42

Date

2004

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de l'Essonne

Description physique

42 articles

Origine

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service producteur)

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service versant)

Modalités d'entrées

versement

Présentation du contenu

Cette collecte de témoignages oraux constitue une collection sur le thème du cresson et de la cressiculture. Elle faisait suite à une demande du PNR (Parc Naturel Régional du Gâtinais Français) qui souhaitait conserver et valoriser la mémoire des cressiculteurs de l'Essonne. 17 personnes ont été interviewées du 16 juin au 15 décembre 2004 par Christine Mathieu, archiviste oral aux Archives départementales de l'Essonne et par Yannick Le Chaudelec, chargé de mission au Parc Naturel Régional du Gâtinais Français (PNR). Elle représente 17 cassettes DAT et un témoignage uniquement sous forme écrite.

Les témoignages suivent un questionnaire pré-établi :

A) Présentation du témoin 1 - Nom, prénom et âge du témoin 2 - Etes-vous originaire de la région ? 3 - Quel métier exerçait vos parents ? 4 - Quels métiers avez-vous exercés autre que celui de cressonnier ? 5 - Avez-vous vécu ailleurs que dans la région?

B) Devenir cressonnier 1 - Quels sont vos premiers souvenirs liés au cresson ? Avez-vous grandi dans une cressonnière ? 2 - A quel âge avez-vous commencé à exercer votre profession ? 3 - Avez-vous eu le choix ? (si non, quelle autre activité auriez-vous voulu faire ?) 4 - Avez-vous été révolté de ne pas avoir eu le choix ?/ Etiez-vous heureux de pouvoir exercer cette activité ? 5 - Quelle scolarité avez-vous suivi ? (certificat d'étude, lycée, autres ?) 6 - Auriez-vous aimé faire des études ? 7 - Quelles sont les premières tâches que l'on vous a confiées dans la cressonnière ? 8 - Y-avait-il d'autres enfants/apprentis avec vous ? Quel âge ? 9 - Quelles étaient les conditions de travail lorsque l'on débute dans ce métier ?

C) Etre cressonnier 1 - Pouvez-vous nous raconter comment se déroulait une journée ordinaire sur une cressonnière ? 2 - Combien d'heures passiez-vous par jour au travail ? Temps de pause ? 3 - En quoi consistait le métier de cressonnier ? Y a-t-il de grandes différences avec aujourd'hui ? (gestes, outillages, langage..). Parlez-nous des paniers d'osiers, des genouillères, des planches à couper, des rouleaux à cresson, des cabanes et des abris (des rails Decauville). 4 - Combien étiez-vous à travailler sur la cressonnière ? 5 - Pouvez-vous nous expliquer quel type d'ambiance régnait sur les lieux (convivialité, animosité, rivalité, vie de groupe ou individualisme, ambiance familiale ?) 6 - Avez-vous en mémoire des journées qui vous ont marqués particulièrement (événement exceptionnel, hiver glacial, été caniculaire, autres) 7 - Avez-vous souffert de ce métier et comment faisait-on face à la pénibilité de la tâche ? 8 - Est-ce qu'il existe un parler spécifique aux cressonniers ? (patois, chansons) 9 - Quelles sont les images fortes qui vous restent de ce métier ?

D) Autour du cresson 1 - Quel place tenait la culture du cresson dans le village / canton ? 2 - Le métier de cressonnier était-il reconnu ? 3 - Avez-vous eu un rôle important au sein de la commune (maire, conseiller municipal, autres). Racontez-nous l'ambiance dans les conseils municipaux ? 4 - Vivait-on bien de la culture du cresson ? 5 - Pouviez-vous vous accorder des loisirs et si oui quels étaient-ils (bal, cinéma, congés payés, voyages). Est-ce que la Saint-Fiacre vous dit quelque chose ? 6 - Parlez-nous des fêtes du cresson (reine du cresson, chansons, rallye, stands commerciaux, produits vendus.) 7 - Restait-on exclusivement entre cressonnier également en dehors du travail ? 8 - Quelles relations entreteniez-vous avec le reste de la population du village ? Avec les agriculteurs ? 9 - Quelle image pensez-vous que les habitants se faisaient de vous ? 10 - Aviez-vous des relations avec les autres cressonniers de la région ? (rivalité, entraide, syndicalisme, mariage entre familles de cressonniers ?) Pouvez-vous nous raconter comment se déroulaient les réunions syndicales à Paris, en Essonne, dans le village ? 11 - Votre famille s'est-elle entièrement consacrée au cresson ? Recettes avec le cresson ? (origine, fréquence des repas au cresson) 12 - Comment s'organisaient la vente et la commercialisation du cresson, selon les époques ? Utilisation de moyens de transport (chevaux, chemin de fer, camions, vélos, motos). Changements apportés par le transfert des Halles de Paris à Rungis ? 13- Evolution de la demande et des consommateurs.

E) Conclusion 1 - Etes vous fier d'avoir exercé ce métier ? 2 - Quel regard portez-vous sur cette activité aujourd'hui ? 3 - Quels sont les grands changements que vous avez remarqués sur cette activité ? Les témoignages oraux originaux ont été enregistrés sur cassettes DAT et ont été transférés sur CD Audio qui sont les supports de communication et de conservation (13AV19-42).

Langue des unités documentaires

Français

LE CRESSON EN ESSONNE. SOUVENIRS DE MARC DARBONNE (La transformation du cresson à Milly-la-Forêt).

Cote/Cotes extrêmes

13AV/18

Date

2004

Importance matérielle

00/45/00

Caractéristiques physiques

produit fini, DAT, Interview

Origine

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service producteur)

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service versant)

Présentation du contenu

SOUVENIRS DE MARC DARBONNE La transformation du cresson à Milly-la-Forêt. Réalisé par Christine Mathieu, archives départementales de l'Essonne. Date : 15 décembre 2004

15/12/04

Marc Darbonne, chef d'entreprise en retraite.

Marc Darbonne, chef d'entreprise en retraite de l'entreprise Darbonne [actuellement Darbonne Daregal] nous raconte ses souvenirs sur la déshydratation du cresson pour fabriquer des potages. Voir aussi Mes Mémoires de Marc Darbonne [8°3642].

Êtes-vous originaire de la région ? Oui. Son grand-père était né à Argenteuil mais le berceau de sa famille était à Milly et à Oncy. Il nous décrit les débuts de la carrière de son grand-père. Quel métier exerçait vos parents ? Il a repris l'entreprise de son père qui avait été crée par son grand-père [Armand Darbonne]. C'était une entreprise qui produisait des plantes médicinales, elle a été créée en 1885. Son grand-père l'a dirigée jusqu'à la 1ère guerre mondiale. Ces deux fils ont repris cette entreprise après la 1ère guerre, dont son père [André Darbonne]. Son père était officier. Il est parti à la 2ème guerre mondiale. Pendant ce temps là, Monsieur Marc Darbonne a dirigé l'entreprise alors qu'il n'avait que 18 ans. Il a assuré la direction de l'entreprise Darbonne depuis 1939 jusqu'en 1981. Après 1981, ces deux fils ont repris l'entreprise. L'un des deux produit, des plantes aromatiques, ce qui fait suite à la production des plantes médicinales. Formation de Marc Darbonne Il a obtenu son certificat d'études mais ne souhaitait pas continuer des études au-delà. Il est allé travailler dans les champs comme ouvrier agricole à 13 ans. On travaillait 12 heures par jour. A la seconde guerre mondiale, il est entré dans l'entreprise. Historique de l'entreprise DARBONNE à Milly-la-Forêt Son grand-père et son père ne produisaient que des plantes médicinales dans l'entreprise Darbonne à Milly-la-Forêt qui était très florissante. Après la seconde guerre mondiale, Marc Darbonne produisait aussi des plantes médicinales. A ce moment là, il existait des règlementations qui permettaient de protéger les importations aux frontières françaises, les importations de plantes médicinales n'étaient pas libres. Son père étant président du syndicat des producteurs de plantes médicinales, était convoqué à chaque fois qu'il y avait une demande d'importation. Il refusait alors toute importation pour garder le marché. Il a beaucoup emprunté à cette époque pour développer son entreprise, ce qui ne se faisait pas beaucoup. En 1958, le Général de Gaulle a arrêté la protection aux frontières des importations de plantes médicinales. Cela a fait chuter le marché des plantes médicinales et l'entreprise Darbonne a dû arrêter sa production. L'expansion internationale de l'entreprise Suite à l'arrêt de la production des plantes médicinales, Marc Darbonne a eu l'idée de s'orienter vers les plantes aromatiques. Il a du persil, cerfeuil, estragon, ciboulette. La production des plantes aromatiques fonctionne très bien et l'entreprise s'est développée à l'international. Comment l'entreprise Darbonne se fournissait du cresson ? Il se souvient qu'il avait été sollicité dans les années 1960 par un client qui travaillait pour les soupes Royco. Ce client désirait fabriquer des soupes de cresson. Les villes aux alentours de Milly sont les gros centres de production de cresson et l'entreprise Darbonne possédait un séchoir permettant de sécher le cresson pour le déshydrater. Il a pris contact avec le président du syndicat des cressiculteurs qui s'appelait Edouard Royer pour savoir comment ils pouvaient collaborer. L'entreprise Darbonne permettait aux cressiculteurs de vendre leur excédent de production. Chaque jour, il ramassait les paniers remplis de cresson que les cressiculteurs souhaitaient vendre. Les cressiculteurs fixaient le prix de vente en accord avec l'entreprise Darbonne sur toute la saison. Parfois, lors d'un encombrement de marchandises aux halles, on lui téléphonait à 4 heures du matin pour qu'il vienne récupérer le cresson qui n'arrivait pas à se vendre. Il y envoyait un camion pour récupérer les paniers de cresson. Il achetait du cresson aux producteurs ce qui leur a permis de mieux tenir leurs prix et de mieux vivre de leur production. Il n'a jamais refusé de marchandise, il absorbait vraiment tous les excédents. Il achetait du cresson toute l'année et la saison s'arrêtait au printemps vers le mois d'avril. Elle reprenait vers septembre - octobre. Le cresson nouveau de début de saison est très tendre et il ne permettait d'avoir un rendement que de 3 à 4% de matière sèche. Ce n'était pas très intéressant à cette époque de l'année. A la fin de l'hiver, le cresson était meilleur, plus résistant et les rendements étaient de 4 à 5% de matières sèches. C'est à cette époque que l'on réalise la production de cresson déshydraté la plus importante. Vers avril - mai, quand le cresson est en fleur, Marc Darbonne envoyait une équipe de faucheurs qui faisaient partie de son personnel. On payait le cresson au kilo. Dans ce cas, le cresson était coupé en vrac. Il avait dans son personnel des personnes qui étaient spécialisés dans le fauchage de certaines plantes médicinales (menthe etc..). Ils étaient payés au rendement. On ramassait jusqu'à 1000 tonnes de cresson par an chez tous les cressiculteurs [de l'Essonne et aussi dans le Loiret]. Il avait un camion avec un appareil spécial pour monter les paniers remplis de bottes. L'achat de cresson a commencé dès 1965, Marc Darbonne achetait tous les excédents de cresson. Actuellement, l'entreprise Darbonne n'achète plus de cresson aux cressiculteurs. Il produit actuellement lui-même du cresson sur terres de culture. Il a visité des cressonnières en Angleterre plus modernes dont il s'est servi pour modèle. La déshydratation du cresson Il ne fait pas de cresson surgelé mais de l'estragon, pour ne pas perdre les saveurs et arômes, il faut mieux le surgeler. Le but est de déshydrater le cresson pour faire des potages. Le cresson a eu une mauvaise réputation à cause de la douve du foie après les années 1960. On récupérait le cresson en bottes. Les tiges étaient coupées et on déshydratait la partie feuillue. Il fallait prendre les bottes les unes après les autres pour réaliser ce travail et cela demandait beaucoup de travail. Les tiges étaient détruites et ne servaient à rien. Les feuilles étaient mises dans des matériels de déshydratation traditionnels ; on pouvait sécher 20 tonnes de cresson par jour. Par la suite, il a construit des machines aux normes d'hygiène. Ces normes d'hygiène ne sont venues qu'à partir des années 1980. Il a mis en route un système d'analyse des qualités sanitaires pour ne pas perdre la marchandise. Son directeur commercial était un ancien préparateur en pharmacie ; il l'a conseillé en matière d'hygiène. Il y avait beaucoup de travail, certains ouvriers travaillaient 12 heures par jour et quelque fois les dimanches et jours de fête. Il existait une équipe de jour et une équipe de nuit qui se relayait. Le personnel venait de la région et d'autres étaient d'origine italienne. Ces italiens ramenaient des amis italiens pour la haute saison pour travailler, ils étaient 10 environ. C'était des gars très courageux, qui se formaient sur le tas. Ils se sont tous installés à Milly. Ils étaient payés au rendement et à la qualité ; ils travaillaient beaucoup mais gagnaient bien leur vie. Si le cresson devait rendre 4% de matière sèche, quand il rendait 5% de matière sèche, il y avait des primes supplémentaires. Le rendement du cresson : quand on enlève les tiges et l'eau que contient le cresson, on obtient de la matière sèche. Le cresson rendait de 2 à 5% de matière sèche. Par exemple, pour une tonne de cresson frais, on obtenait 20 à 50 kilos de cresson déshydraté pour mettre dans les potages. C'était une affaire très rentable parce qu'il était le seul à faire cela en France. Son client était très content de pouvoir trouver du cresson. Après, il y a eu un deuxième qui a déshydraté le cresson dans la région de Dieppe. Les cressiculteurs gagnaient bien grâce cette opération. Cela leur permettait de combler le manque à gagner des halles. Il fournissait donc le cresson déshydraté à la SIDPA, son seul client qui achetait du cresson. C'était une entreprise qui se trouvait à Auxonne. Il fournissait une grosse société de fabrication de potages. C'était l'intermédiaire entre lui et la société qui fabriquait les potages. Marc Darbonne n'avait affaire qu'avec une seule personne. Le cresson était toujours pris par ce client. Il avait négocié le prix d'achat du cresson avec le président du syndicat des cressiculteurs, Edouard Royer. Tout s'était bien passé. Il y avait même un climat sympathique entre lui et les différents cressiculteurs. Tous les ans, il les invitait à manger dans un restaurant. Les cressiculteurs étaient droits et honnêtes. Une relation de confiance s'était établie entre eux. Les relations étaient amicales. Il allait lui-même dans les cressonnières pour voir les cressiculteurs et la qualité du cresson. La coupe du cresson Il n'a jamais utilisé la machine à couper le cresson en vrac dans les cressonnières de l'Essonne parce qu'on ne pouvait pas passer dans les chemins avec des tracteurs. Il n'a utilisé que la faux. Sur la faux, il y avait une sorte de harnois ; on fauchait et on pouvait mettre le cresson sur le bas-côté. On le chargeait ensuite dans des brouettes et dans le camion. On ne pouvait pas faire autrement parce que le sol des cressonnières de l'Essonne est mou (tourbe) et les chemins sont trop étroits. Ensuite, Marc Darbonne faisait peser les camions de cresson sur un pont bascule qu'il avait installé exprès pour le cresson. Les cressiculteurs lui faisaient confiance. Chaque cressiculteur mettait son cresson sur un camion qui était pesé. C'était parfois compliqué parce qu'il ne fallait pas se tromper de producteur de cresson. Il se souvient qu'aucun cressiculteur ne s'est jamais déplacé pour contrôler et il n'a jamais eu de réclamations. Il s'entendait bien avec Monsieur Royer qui lui-même s'entendait bien avec tous les cressiculteurs. S'il y avait eu un problème, M. Royer aurait sûrement fait l'intermédiaire. Les Halles centrales de Paris Il se souvient qu'un mandataire lui téléphonait pendant la nuit pour récupérer des excédents de cresson. Il envoyait un transporteur pendant la nuit. Il payait ce cresson à un prix fixé à la botte par Monsieur Royer. Le payement Son comptable envoyait un chèque au cressiculteur une fois par mois. Recettes du cresson Il mange régulièrement du cresson en salade, en soupe. Le cresson dans la région Dans les années 1960-1980, ce métier avait son importance dans la région. Presque chaque cressiculteur avait des ouvriers, alors qu'actuellement, il travaille presque tout seul. Ce n'est pas un métier facile, on est toute la journée à genoux sur une planche. Il fallait être entraîné pour faire ce métier. Le cresson dans l'entreprise Darbonne C'était un produit parmi d'autres. Il ne représentait que 10% du chiffre d'affaire. Conclusion Il a commencé à développer son entreprise au niveau international ; ses enfants ont repris l'entreprise. Son père a été dépassé par le développement de l'entreprise. Il a fait un voyage en Amérique à 39 ans, ce qui lui a permis de trouver des idées pour s'implanter aux Etats-Unis d'Amérique. Actuellement, l'entreprise est scindée en deux, un de ses fils, à Milly, garde la production des plantes aromatiques et utilise les usines de transformation. Cette affaire est étendue à l'international (Togo, Amérique, Argentine...). L'autre fils s'est spécialisé dans les plants d'asperges et de fraisiers et de recherches variétales. Il est installé en France, en Espagne, au Portugal et en Pologne. Par exemple, l'entreprise Darbonne est la seule à produire des endives aux Etats-Unis d'Amérique. Le nom de vente des produits est Daregal et les plants d'asperges et de fraisiers s'appellent Darbonne. Jusqu'à 77 ans, il a continué à diriger les affaires extérieures de l'entreprise. Il s'est retiré de la direction de l'entreprise mais garde un regard sur les chiffres. Il est allé en Chine pour essayer de développer des plants de fraisiers mais cela n'a pas abouti. Maintenant, ses petits-enfants commencent à rentrer dans l'affaire.

Conditions d'accès

NC Numérisé [substitution:13AV/42/]

sans délais

Langue des unités documentaires

Français

Informations sur le traitement

Notice établie conformément à la norme ISAD(G), norme générale et internationale de description archivistique (2000), et à la DTD-EAD (Encoded Archival Description), informatisation de la description.

Mots clés lieux

Mots clés auteurs

Mots clés typologiques