TEMOIGNAGES ORAUX REALISES PAR LES ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE L'ESSONNE - LE CRESSON EN ESSONNE.

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

13AV/1-42

Date

2004

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de l'Essonne

Description physique

42 articles

Origine

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service producteur)

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service versant)

Modalités d'entrées

versement

Présentation du contenu

Cette collecte de témoignages oraux constitue une collection sur le thème du cresson et de la cressiculture. Elle faisait suite à une demande du PNR (Parc Naturel Régional du Gâtinais Français) qui souhaitait conserver et valoriser la mémoire des cressiculteurs de l'Essonne. 17 personnes ont été interviewées du 16 juin au 15 décembre 2004 par Christine Mathieu, archiviste oral aux Archives départementales de l'Essonne et par Yannick Le Chaudelec, chargé de mission au Parc Naturel Régional du Gâtinais Français (PNR). Elle représente 17 cassettes DAT et un témoignage uniquement sous forme écrite.

Les témoignages suivent un questionnaire pré-établi :

A) Présentation du témoin 1 - Nom, prénom et âge du témoin 2 - Etes-vous originaire de la région ? 3 - Quel métier exerçait vos parents ? 4 - Quels métiers avez-vous exercés autre que celui de cressonnier ? 5 - Avez-vous vécu ailleurs que dans la région?

B) Devenir cressonnier 1 - Quels sont vos premiers souvenirs liés au cresson ? Avez-vous grandi dans une cressonnière ? 2 - A quel âge avez-vous commencé à exercer votre profession ? 3 - Avez-vous eu le choix ? (si non, quelle autre activité auriez-vous voulu faire ?) 4 - Avez-vous été révolté de ne pas avoir eu le choix ?/ Etiez-vous heureux de pouvoir exercer cette activité ? 5 - Quelle scolarité avez-vous suivi ? (certificat d'étude, lycée, autres ?) 6 - Auriez-vous aimé faire des études ? 7 - Quelles sont les premières tâches que l'on vous a confiées dans la cressonnière ? 8 - Y-avait-il d'autres enfants/apprentis avec vous ? Quel âge ? 9 - Quelles étaient les conditions de travail lorsque l'on débute dans ce métier ?

C) Etre cressonnier 1 - Pouvez-vous nous raconter comment se déroulait une journée ordinaire sur une cressonnière ? 2 - Combien d'heures passiez-vous par jour au travail ? Temps de pause ? 3 - En quoi consistait le métier de cressonnier ? Y a-t-il de grandes différences avec aujourd'hui ? (gestes, outillages, langage..). Parlez-nous des paniers d'osiers, des genouillères, des planches à couper, des rouleaux à cresson, des cabanes et des abris (des rails Decauville). 4 - Combien étiez-vous à travailler sur la cressonnière ? 5 - Pouvez-vous nous expliquer quel type d'ambiance régnait sur les lieux (convivialité, animosité, rivalité, vie de groupe ou individualisme, ambiance familiale ?) 6 - Avez-vous en mémoire des journées qui vous ont marqués particulièrement (événement exceptionnel, hiver glacial, été caniculaire, autres) 7 - Avez-vous souffert de ce métier et comment faisait-on face à la pénibilité de la tâche ? 8 - Est-ce qu'il existe un parler spécifique aux cressonniers ? (patois, chansons) 9 - Quelles sont les images fortes qui vous restent de ce métier ?

D) Autour du cresson 1 - Quel place tenait la culture du cresson dans le village / canton ? 2 - Le métier de cressonnier était-il reconnu ? 3 - Avez-vous eu un rôle important au sein de la commune (maire, conseiller municipal, autres). Racontez-nous l'ambiance dans les conseils municipaux ? 4 - Vivait-on bien de la culture du cresson ? 5 - Pouviez-vous vous accorder des loisirs et si oui quels étaient-ils (bal, cinéma, congés payés, voyages). Est-ce que la Saint-Fiacre vous dit quelque chose ? 6 - Parlez-nous des fêtes du cresson (reine du cresson, chansons, rallye, stands commerciaux, produits vendus.) 7 - Restait-on exclusivement entre cressonnier également en dehors du travail ? 8 - Quelles relations entreteniez-vous avec le reste de la population du village ? Avec les agriculteurs ? 9 - Quelle image pensez-vous que les habitants se faisaient de vous ? 10 - Aviez-vous des relations avec les autres cressonniers de la région ? (rivalité, entraide, syndicalisme, mariage entre familles de cressonniers ?) Pouvez-vous nous raconter comment se déroulaient les réunions syndicales à Paris, en Essonne, dans le village ? 11 - Votre famille s'est-elle entièrement consacrée au cresson ? Recettes avec le cresson ? (origine, fréquence des repas au cresson) 12 - Comment s'organisaient la vente et la commercialisation du cresson, selon les époques ? Utilisation de moyens de transport (chevaux, chemin de fer, camions, vélos, motos). Changements apportés par le transfert des Halles de Paris à Rungis ? 13- Evolution de la demande et des consommateurs.

E) Conclusion 1 - Etes vous fier d'avoir exercé ce métier ? 2 - Quel regard portez-vous sur cette activité aujourd'hui ? 3 - Quels sont les grands changements que vous avez remarqués sur cette activité ? Les témoignages oraux originaux ont été enregistrés sur cassettes DAT et ont été transférés sur CD Audio qui sont les supports de communication et de conservation (13AV19-42).

Langue des unités documentaires

Français

LE CRESSON EN ESSONNE. SOUVENIRS DE MICHEL CHARPENTIER (Méréville).

Cote/Cotes extrêmes

13AV/8

Date

2004

Importance matérielle

01/03/00

Caractéristiques physiques

produit fini, DAT, Interview

Origine

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service producteur)

DIRECTION DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES (service versant)

Présentation du contenu

SOUVENIRS DE MICHEL CHARPENTIER Le cresson à Méréville. Réalisé par Christine Mathieu, archives départementales de l'Essonne. Date : 10 août 2004

10/8/04

Michel CHARPENTIER, né en 1938 à Méréville, a été cressiculteur. Il est actuellement à la retraite.

Michel Charpentier, cressiculteur à la retraite, nous raconte ses souvenirs sur la culture du cresson et le métier de cressiculteur à Méréville.

Etes-vous originaire de la région ? Oui. Quel métier exerçait vos parents ? Son père CHARPENTIER Fernand et son grand-père étaient cressiculteurs. Le grand-père : CHARPENTIER Emile avait créée la cressonnière vers 1906 à Courcelles (le long de la Juine). Ses grands-parents étaient originaires du Loiret (proche Méréville). Son grand-père avait peut-être commencé et été formé chez un autre cressiculteur de Méréville. II] Devenir cressonnier Quels sont vos premiers souvenirs liés au cresson ? /Avez-vous grandi dans une cressonnière ? Il aimait bien aller voir ses grands-parents qui travaillaient sur les cressonnières. Sa grand-mère travaillait également sur les cressonnières et faisaient les mêmes tâches que les hommes. A cette époque là, beaucoup de femmes de cressonniers travaillaient avec leurs maris. Il a toujours entendu dire : quand sa grand-mère allait sur les cressonnières, elle parquait son fils (le père de Monsieur Charpentier) dans un panier de cresson pour être tranquille. Son père a fait ses premiers pas dans les cressonnières. A quel âge avez-vous commencé à exercer votre profession ? Il a commencé à travailler 14 ans avec son père. On apprend facilement ce métier. Il a arrêté ce métier à 61 ans. Son père avait commencé à 12 ans et a travaillé jusqu'à 70 ans. La cressonnière, c'était sa vie. Il ne pouvait pas s'en passer. Il allait travailler également le dimanche. Monsieur Charpentier Michel avait des horaires plus souples que son père. Avez-vous eu le choix ? (si non, quelle autre activité auriez-vous voulu faire ?) Avez-vous été révolté de ne pas avoir eu le choix ?/ Etiez-vous heureux de pouvoir exercer cette activité ? Il n'a pas eu le choix : Tu sors de l'école et tu vas bosser. C'était l'habitude de continuer, naturel de faire le métier de son père. Quelle scolarité avez-vous suivi ? (certificat d'étude, lycée, … ?) Certificat d'études. Auriez-vous aimé faire des études ? A cette époque là, on ne se posait pas beaucoup la question. Il n'y avait pas d'école. Les parents voulaient que leurs enfants fassent la même chose qu'eux. Quelles étaient les conditions de travail lorsque l'on débute dans ce métier ? Quelles sont les premières tâches que l'on vous a confiées dans la cressonnière ? Il a débuté en septembre. C'est la meilleure époque pour faire débuter un jeune car le cresson repousse vite. En décembre, si le jeune fait trop de dégâts dans les fosses, le cresson a du mal à repousser. Petit à petit, il a fait des bottes. On débutait en faisant 15 ou 20 bottes dans la journée. Les parents passaient derrière pour dire qu'elles n'étaient pas bien faites. C'est dur de commencer dans ce métier. Ce n'est pas facile également de travailler avec son père. On souffre du froid. Mais si on met les mains dans l'eau, l'eau de source est chaude. Le plus difficile dans le métier de cressiculteur, c'est le vent. Le vent abîme les mains. III] Etre cressonnier Il a ensuite repris le chantier de son père en 1970. Il travaillait avec son beau-frère qui n'était pas cressonnier de formation. Pouvez-vous nous raconter comment se déroulait une journée ordinaire sur une cressonnière ? Combien d'heures passiez-vous par jour au travail ? Temps de pause ? Avant les Halles de Rungis : En hiver, on commençait avec le jour. Au printemps, on commençait à 7h jusqu'à 12h et de 13h30 jusqu'à 19h. Il travaillait 6 jours sur 7. Il se reposait que le dimanche. Certains dimanches, il pouvait aller travailler mais c'était de façon exceptionnelle. Il rentrait chez lui pour déjeuner. Parfois, en hiver, ils mangeaient à 10h-10h30 du matin pour pouvoir travailler aux heures les plus chaudes à 12h. On arrive sur la cressonnière le matin et on coupe le cresson directement. Certains matins en hiver, on devait attendre que le cresson dégèle. Actuellement, on met des voiles en plastiques, alors le cresson ne gèle plus. En attendant le dégel, on nettoyait le chantier ou bien on allait travailler au potager. Chaque cressonnière avait son propre potager. Avec les Halles de Rungis : Les horaires de travail ont changé parce qu'il fallait emmener son cresson tôt le matin à Rungis. Il emmenait également son cresson à Orléans. Il partait vers 2 heures du matin et retournait sur la cressonnière vers 6 heures du matin. Sa femme travaillait parfois sur les cressonnières, notamment l'hiver pour emballer les cageots et pour étaler les voiles. Elle ramassait également des bottes sur les chemins. Elle n'a jamais bottelé. C'est dur de botteler pour une femme. En quoi consistait le métier de cressonnier ? Y a-t-il de grandes différences avec aujourd'hui ? (gestes, outillages, langage..). Parlez-nous des paniers d'osiers…, des genouillères…, des planches à couper, des rouleaux à cresson, des cabanes et des abris. (des rails Decauville). Comment s'organisaient la vente et la commercialisation du cresson, selon les époques ? Utilisation de moyens de transport (chevaux, chemin de fer, camions, vélos, motos…). Changements apportés par le transfert des Halles de Paris à Rungis ? Il travaillait par tous les temps. Les habits de travail : ils n'avaient pas de gants pour travailler. On portait un caparaçon : une tôle avec des harnais sur le dos. Il fallait faire attention quand il y avait du vent. On pouvait tomber dans les fossés. Il portait des bottes alors que son père portait des sabots. Les genouillères : elles étaient en cuir et rembourrées avec de la paille. Quand on était jeune, elles faisaient mal mais à la longue, on avait les genoux endurcis. La coupe du cresson : On coupe du cresson de septembre à mai. Le cresson repousse toutes les 4 à 6 semaines. On coupe une fosse, puis on met de l'engrais. On passe le rouleau pour redonner le sens de la pousse au cresson. Il cultivait 120 ares de cresson. Méréville possède de grosses exploitations par rapport aux autres communes. Transport du cresson : ses parents emmenaient leur cresson à la gare de Méréville, juste après la 2ème guerre. Ensuite, il y a eu des transporteurs en camions. Tout le monde emmenait le cresson à l'endroit prévu pour le ramassage. Le cresson était emmené aux Halles Centrales de Paris. Il existait deux transporteurs à Méréville : Gidoir et Pavard. Au moment de la création des Halles à Rungis, les cressiculteurs ont arrêté le ramassage collectif. Chaque cressiculteur allait lui-même à Rungis ou le faisait transporter par un autre. Le prix du transport était fixé au panier. Le transporteur notait le nombre de panier par cressiculteur. Les mandataires réglaient le transport. Le prix du transport était déduit du total des revenus sur le bordereau et faisait parti des frais du mandataire. Les paniers d'osier : ils fabriquaient des paniers, selon le besoin. Ils cultivaient de l'osier. Le gros osier servait à faire des paniers et le petit servait pour faire des liens pour attacher le cresson. L'osier se présente sous la forme d'une souche qui repousse tous les ans après la coupe. Ils mettaient leur nom sur chaque panier pour que le transporteur les leur ramènent. Parfois, ils perdaient des paniers qui ne revenaient pas des Halles. On mettait 216 bottes de cresson dans un panier. On tassait le cresson en couronne jusqu'en haut. On y mettait la gerbée c'est-à-dire de la paille de seigle pour tenir les bottes. On faisait une couronne de bottes de cresson sur le dessus, rattachés par des ficelles. Il fallait bien l'attacher pour le transport. Il envoyait 10 paniers par jour au moment des grosses saisons. En basse saison, il en envoyait 2 par jour. Au moment des fêtes de Pâques, les cressiculteurs de Méréville envoyaient énormément de cresson vers Paris. Parfois, les camions faisaient plusieurs tournées pour pouvoir tout emmener. Les bottes de cresson : c'est un savoir faire particulier, il faut connaître la quantité de cresson pour faire une botte à un certain poids et bien homogène. Au début, c'était assez difficile et il y a souvent des ratés. Les liens en plastique : du jour au lendemain, il a fallu s'habituer à une nouvelle façon de travailler. Les Halles de Paris : il existait 5 mandataires. Ils s'appelaient Klein, Fabre et Métier, Beugnon et Reynald, Minard, Thévenin. Ils vendaient directement à des marchands de légumes ambulants, qui vendaient le cresson quelques rues plus loin. Les commerçants achetaient par paniers. Le cresson se vendait bien l'hiver parce qu'il n'y avait rien d'autre de vert. Les mandataires : les cressiculteurs envoyaient leur cresson aux mandataires qui les revendaient. Ensuite, les mandataires leur envoyaient un bordereau qui indiquait la quantité vendue et le nom de celui qui avait acheté. Il n'y avait pas d'autre choix. Il n'y avait pas de contrat écrit. Quand on n'était pas content d'un mandataire, on en changeait. Ils venaient parfois sur les cressonnières mais c'était rare. Ils voulaient savoir pourquoi on ne lui mettait plus de marchandises. Les cressiculteurs recevaient leur argent tous les mois par la poste. Monsieur Charpentier allait de temps en temps à Paris (loisirs) mais en profitait pour aller voir le mandataire. Il existait des réputations entre les différents cressons. Les acheteurs recherchaient parfois le cresson de telle marque, de telle cressonnière. Les Halles de Rungis : c'était bien différent. Le commerce est devenu européen. Les Halles Centrales, c'était le poumon de Paris. A Paris, il n'y avait pas beaucoup d'autres salades. La seule marchandise verte, c'était le cresson. Après, les maraîchers ont développé les serres. A Rungis, il y avait beaucoup plus de choix en salades. A Rungis, on mettait les bottes de cresson dans des caisses. Les établissements Darbonne : La société Darbonne achetait le cresson de tous les cressiculteurs de la région. Il ne le fait plus depuis 3 ou 4 ans. Il a vendu du cresson en vrac à la société Darbonne pour la déshydratation. C'était le cresson de septembre, à une époque où il se vend mal. Il pouvait parfois vendre une quinzaine de tonnes. Il en vendait également en fin de saison, fin avril - début mai. Les ouvriers de Darbonne venaient eux-mêmes faucher à la faux le cresson dans les cressonnières, quand la machine n'existait pas. Il achetait également des paniers de bottes de cresson. Ensuite, la machine à couper a été inventée. Il utilisait une machine à couper le cresson en vrac. C'était une machine à aspiration. Le cresson tombe dans un coffre. La machine à couper le cresson : un cressiculteur, nommé Cabant, a inventé la machine à couper le cresson. Elle a été améliorée par Monsieur Largant (habitant Méréville). Monsieur Largant a vendu quelques machines aux cressiculteurs de Méréville et d'ailleurs. Cette technique s'est généralisée à plusieurs cressonnières. Les semis : Le cresson du mois de mai fleurit. On récolte les graines pour les semer en été. Les fosses sont vidées et nettoyées. On met l'eau progressivement dans les fosses après avoir semer les graines. Le cresson peut être cultivé fin août - début septembre. La récolte dure jusqu'à mi-mai mais actuellement, on sème du cresson d'été. Finalement, il y a du cresson toute l'année. Le cresson d'été ne se conserve pas parce qu'il fleurit. Vente du cresson sur les marchés : Il fournissait son cresson aux commerçants des Halles d'Orléans le mardi, le jeudi et le samedi. Il devait y aller la nuit. Il partait à 2 heures du matin. C'était bien de vendre directement aux commerçants sans passer par des intermédiaires (mandataires) comme aux Halles de Rungis. La mécanisation du travail : quand il a commencé son métier, il travaillait avec des faux manuelles. Ensuite, il a utilisé des motofaucheuses et les machines à ficelles pour faire les berges. Le nettoyage des fosses en été : c'est la tâche la plus difficile. Il faut vider et nettoyer les fosses avec un râteau, mettre tout dans des brouettes. La demande du cresson : elle a tendance à baisser actuellement. Les cabanes : Toute la journée, on entreposait les bottes de cresson dans un grand bassin rempli d'eau fraîche qui se renouvelait régulièrement. Le soir, on emballait le cresson dans les paniers. Il n'existait pas encore de chambre froide. Actuellement, tout le monde a des chambres froides. Combien étiez-vous à travailler sur la cressonnière ? Au temps de son père : ils travaillaient à quatre : le père, le fils et deux ouvriers. Ensuite, il a travaillé avec son beau-frère et son neveu. Actuellement, son neveu qui a repris la cressonnière. Pouvez-vous nous expliquer quel type d'ambiance régnait sur les lieux (convivialité, animosité, rivalité, vie de groupe ou individualisme, ambiance familiale… ?) Il y avait des hauts et des bas. Il existait une hiérarchie entre les plus anciens et ceux récemment arrivés. Chaque personne était dans sa fosse en train de couper. Alors, il n'y avait pas beaucoup de communication entre les différents ouvriers. C'était un travail de solitaire finalement. Avez-vous en mémoire des journées qui vous ont marqués particulièrement (événement exceptionnel, hiver glacial, été caniculaire, autre…) En hiver 1956, les trois-quart des fosses de cresson étaient gelées. Les plants étaient même détruits. Ils ont été presque deux mois sans rien faire parce qu'il a gelé pendant un mois sans arrêt. Le cresson survit mieux au gel au début de fosse près de l'arrivée de la source. Ces années là, où il faisait très froid, c'était les meilleures années pour vendre le cresson, qui se vendait comme du petit pain. En effet, il n'y avait pas d'autres salades sur le marché. Ceux qui avaient beaucoup d'eau de source pouvaient vendre beaucoup de cresson. Il existait certaines cressonnières mieux fournies que d'autres en eau de source. IV] Autour du cresson Quelle place tenait la culture du cresson dans le village / canton ? Le métier de cressonnier était-il reconnu ? Il existait une vingtaine de cressonnières dans Méréville dans les années 1950-60. Après, vers Autruy-sur-Juine, l'eau de la rivière (Juine) a baissé et des cressonnières ont fermé. D'autres cressiculteurs ont pris leur retraite. Les parcelles ont été rachetées pour être agrandies. Actuellement, il y a moins de cressonnières en nombre mais pas en surface. La cressiculture tient toujours une grande place dans la vie du village. Elle employait autrefois beaucoup de monde parce qu'il y avait 2 ou 3 ouvriers par cressonnières. Elle faisait vivre les bourreliers pour les genouillères par exemple. Avez-vous eu un rôle important au sein de la commune (maire, conseiller municipal, autre…). Racontez-nous l'ambiance dans les conseils municipaux ? Les cressonniers souhaitaient toujours être représentés au Conseil Municipal de la commune, pour défendre la profession. Il y a eu un seul cressiculteur maire, Pierre Barberot. Vivait-on bien de la culture du cresson ? Oui. Après la crise de la douve du foie, les ventes de cresson ont énormément chuté. A Méréville, il n'y avait pas de problème avec la douve. Parlez-nous des fêtes du cresson (reine du cresson, chansons, rallye, stands commerciaux, produits vendus….) Il y a eu la première fête du cresson en 1939 avec l'élection de la reine du cresson. Cette fête s'est arrêtée à cause de la 2ème guerre mondiale. Les cressiculteurs de Méréville n'ont pas vraiment participé aux fêtes du cresson de D'Huison-Longueville dans les années 1960. A Méréville, il existe à nouveau une fête du cresson depuis 1993. Cette fête se déroule le week-end de Pâques et prend de plus en plus d'importance. Il y a une fête foraine, une foire aux antiquités, une foire gastronomique, un stand où l'on vend du cresson et des spécialités au cresson. Les spécialités au cresson : le vin de cresson, le pain au cresson et la soupe au cresson. Pendant la fête, on arrive à vendre en 3 jours 3000 bottes de cresson. Méréville est noire de voitures pendant 3 jours. Le public est local et régional. Il existe un parcours en car pour visiter les cressonnières. Le car dépose les gens à la dernière cressonnière de Méréville. Ils font une visite guidée des cressonnières et sont ensuite ramassés par le car, au tour suivant. C'est un circuit touristique avec un cressonnier qui coupe le cresson et qui guide les visiteurs. Tous les cressiculteurs vendent du cresson, même celui du voisin. Ce jour là, il n'existe pas de concurrence. La Saint-Fiacre : c'est la fête des jardiniers. Aviez-vous des relations avec les autres cressonniers de la région ? (rivalité, entraide, syndicalisme, mariage entre familles de cressonniers… ?) Pouvez-vous nous raconter comment se déroulaient les réunions syndicales à Paris, en Essonne, dans le village … Les cressiculteurs choisissaient les transporteurs. A Méréville, cela été toujours plus ou moins les mêmes. Il existe de grandes exploitations à Méréville. Méréville est reconnue comme être la capitale européenne du cresson. Il existait de bonnes relations avec les cressiculteurs des autres communes. Il existe une bonne entente entre les cressiculteurs de la commune mais il y avait peu d'entraide tout de même. Le syndicat : ils ont toujours été syndiqués et adhérents à la FNSEA. Son père était syndiqué également. Il existait une réunion annuelle à Paris, rue du Louvre, les cressonniers de toute la France s'y rencontraient. Il existait également beaucoup de cressonniers dans l'Oise. Il y avait aussi des réunions au niveau local, à Méréville. Actuellement, il y a plus de contacts avec les cressonniers des autres communes. Avant, les cressonniers de Méréville restaient beaucoup entre eux. Votre famille s'est-elle entièrement consacrée au cresson ? Oui. Recettes avec le cresson ? (origine, fréquence des repas au cresson) Il mange régulièrement du cresson. Sa femme fait du vin de cresson. V] Conclusion Etes vous fier d'avoir exercé ce métier ? Oui. Il n'a aucun regret d'avoir choisi cette profession. C'était logique d'exercer le métier de cressiculteur. Il aime travailler en plein air, dans les jardins. Quel regard portez-vous sur cette activité aujourd'hui ? Il est assez pessimiste sur la situation actuelle du cresson. A Méréville, le cresson reste encore une production importante. C'est difficile quand même de bien gagner sa vie. Les cressonnières sont un beau paysage pour le village. Quels sont les grands changements que vous avez remarqués sur cette activité ? Actuellement, les cressiculteurs n'ont pas les mêmes horaires de travail que lui. Ils travaillent beaucoup moins. Il existe une plus grande réglementation par rapport aux horaires de travail, notamment ceux des ouvriers.

Conditions d'accès

NC Numérisé [substitution:13AV/30/]

sans délais

Langue des unités documentaires

Français

Informations sur le traitement

Notice établie conformément à la norme ISAD(G), norme générale et internationale de description archivistique (2000), et à la DTD-EAD (Encoded Archival Description), informatisation de la description.

Mots clés lieux

Mots clés matières

Mots clés auteurs

Mots clés typologiques