FONDS AUDIOVISUEL DE L'ASSOCIATION MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT DE CORBEIL-ESSONNES

Déplier tous les niveaux

Cote/Cotes extrêmes

6AV/1-113

Date

1997-2012

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives départementales de l'Essonne

Description physique

140 articles

Origine

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service producteur)

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service versant)

Modalités d'entrées

Don

Présentation du contenu

Au mois de juin 1995, l'association Mémoire et Patrimoine vivant, dont le siège est à Corbeil-Essonnes, au 10, rue de la Commanderie, prenait spontanément contact avec les Archives Départementales de l'Essonne pour présenter son activité d'enquête orale auprès des témoins essonniens ayant vécu les principales transformations de l'ancienne Seine-et-Oise puis de l'Essonne depuis le début de notre siècle. Très vite, l'idée d'une collaboration entre l'association et les Archives départementales naquit et, se précisant, aboutit à une convention de dépôt des entretiens filmés entre Mémoire et Patrimoine vivant et le Département de l'Essonne, approuvée par délibération du 22 avril 1996. Cette convention a un objectif très précis : la sauvegarde, dans une institution publique pérenne, d'une mémoire collectée par des acteurs passionnés du mouvement associatif, auprès de particuliers représentatifs du monde industriel, commercial, scientifique de l'Essonne. La spécificité de l'association est son choix de l'image animée, novateur actuellement en France dans le domaine des enquêtes orales. Mémoire et Patrimoine vivant part d'un constat simple, qui fixe les apports de chacun des partenaires : à l'association, la collecte, les démarches visant à obtenir des témoins l'accord pour une diffusion et une communication immédiate ou après délai de l'enquête ; aux Archives, l'analyse normalisée des reportages sous la forme de bordereaux appelés aussi à l'Institut national de l'audiovisuel ou dans les chaînes régionales de télévision -conducteurs-, la conservation matérielle et, si l'accord du témoin est obtenu, la communication au public dans la salle d'audiovisuel prévue à cet effet. Des réunions régulières entre les bénévoles de l'association et les collaborateurs des Archives de l'Essonne permettront aux bordereaux d'évoluer et de s'harmoniser. Une quarantaine d'entretiens a été réalisée depuis deux ans et les analyses se poursuivent aux Archives départementales qui développent ainsi un nouveau secteur d'activité prenant en compte tous les supports de la mémoire d'aujourd'hui.

Langue des unités documentaires

Français

MEMOIRE DE MESDAMES COSSON ET FAURE

Cote/Cotes extrêmes

6AV/40

Date

1996

Importance matérielle

03/00/00

Caractéristiques physiques

produit fini, Cassette audio, Interview

Origine

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service producteur)

MEMOIRE ET PATRIMOINE VIVANT (service versant)

Modalités d'entrées

Don

Présentation du contenu

MEMOIRE DE MESDAMES COSSON ET FAURE

Madame COSSON, 82 ans, ancienne pensionnaire de l'orphelinat des frères Galignani, habite Corbeil-Essonnes Madame Suzanne FAURE, 74 ans, ancienne pensionnaire de l'orphelinat des frères Galignani habite Fontaine-sous-Jouy (Haute-Normandie).

Madame COSSON née en 1914 à Corbeil et Madame FAURE née en 1922 à Lisses, nous font part de leurs souvenirs d'enfance à l'orphelinat des frères Galignani, rue Champlouis à Corbeil.

00 mn à 2 mn Générique avec présentation de l'association " Mémoire et Patrimoine vivant ". Présentation de l'entretien avec Mesdames COSSON et FAURE. Vues de l'extérieur de l'orphelinat Galignani, rue Champlouis à Corbeil. 2 mn à 4 mn Présentation de Mesdames COSSON et FAURE, en extérieur, dans le jardin de l'orphelinat. Madame COSSON est née à Corbeil en 1914 et y a toujours habité. Madame FAURE est née en 1922 à Lisses. Elle habite Fontaine-sous-Jouy en Normandie. Elle a quitté Corbeil en 1940 (depuis 56 ans). Ces dames sont des anciennes pensionnaires de l'orphelinat crée par les frères Galignani. Leur enfance dans l'orphelinat a été marquante et difficile. L'orphelinat est actuellement un centre d'affaires. 4 mn à 6 mn Vue de la rue sur les grilles d'entrée de l'orphelinat. Les garçons et les filles étaient séparés. Les garçons rentraient par la porte de gauche. Seules les sœurs pouvaient emprunter la grande grille centrale et le grand escalier pour accéder à leur bureau et à la chapelle. Au pied de cet escalier se trouvait la statue des frères Galignani (provisoirement exposée à cet endroit, actuellement dans le square de la mairie). La petite grille de droite était empruntée uniquement par les filles. Elles ne sortaient de l'orphelinat que le dimanche pour la messe et aux vêpres. 6 mn à 9 mn Vue sur le côté droit du bâtiment où se trouvait l'escalier des filles et une salle d'eau au niveau du jardin. Il y avait aussi une buanderie. Cet endroit leur rappelle de mauvais souvenirs. Madame COSSON nous montre la fenêtre par laquelle elle s'est enfuie de l'orphelinat pour aller chez sa tante rue du Trou-Patrix. Elles nous montrent également l'emplacement du poulailler et du noyer qui se trouvaient dans le verger. Madame FAURE évoque un souvenir de ramassage de fruits et de noix. Elle sautait le mur pour en récupérer. 9 mn à 11 mn De l'arrière du bâtiment, vue extérieures sur les fenêtres du premier étage où se trouvait l'ouvroir (lieu où, dans les communautés de femmes, les religieuses s'assemblent pour se livrer aux travaux de lingerie et où les jeunes filles extérieures venaient apprendre à coudre). Il y avait aussi un ouvroir des orphelines. Le balcon a disparu. On voit également la fenêtre de la classe des filles. Au deuxième étage se trouvait le dortoir des filles. Les fenêtres des garçons ne donnaient pas de ce côté-ci. Au rez-de-chaussée se trouvaient le réfectoire et la cuisine. Mesdames COSSON et FAURE nous décrivent les repas servis et les conditions de vie à l'orphelinat. 11 mn à 14 mn Elles nous montrent la cour de récréation et les toilettes qui ont maintenant disparus. Madame FAURE nous indique qu'une fois les tâches de travail effectuées, les filles avaient droit à une récréation. Elle précise que, pour sa part, elle devait tricoter vingt paires de chaussette de footballeurs avant midi pour aller manger. La cour de récréation des garçons n'était pas visible de celle des filles, elles n'avaient jamais aucun contact avec eux. Elle revient ensuite sur un souvenir de ramassage de noix et de fruits et sur une punition de trois jours et trois nuits au cachot qui ont suivi. Elles insistent sur le harcèlement moral des soeurs sur les jeunes filles. 14 mn à 18 mn Retour sur les fenêtres de l'Ouvroir. Les filles étaient plus nombreuses que les garçons à l'orphelinat. Madame FAURE nous dit qu'elle est entrée à l'orphelinat en 1924 et Madame COSSON en 1918 à l'âge de 4 ans. Madame FAURE se souvient qu'elle a d'abord fait des trousseaux pour les jeunes filles de bonne famille, avant de travailler sur des machines à tricoter. Au moment où elle a quitté l'orphelinat, elle faisait des transformateurs pour la TSF (Télégraphie Sans Fil). Madame COSSON nous explique qu'elle n'a effectué que des travaux de lingerie (couture). Les soeurs avaient besoin d'argent pour faire fonctionner l'orphelinat, elles vendaient les produits des orphelines. Au coin du bâtiment se trouvait le réfectoire des sœurs, à l'écart des orphelines et leurs repas étaient différents. 18 mn à 21 mn Mesdames COSSON et FAURE refont le chemin les menant de l'orphelinat à l'église Saint-Spire (à l'angle de la rue Champlouis et la rue de la Barre). Elles passaient devant la pâtisserie Roulet (fermée en 1999). Madame FAURE évoque le jour où son frère Lucien lui a apporté au parloir des meringues qu'il lui avait acheté chez Roulet. Madame COSSON se rappelle que sa tante lui rendait visite une fois par mois et qu'elle lui apportait une pâtisserie à chaque fois. Les visites étaient autorisées une fois par mois. Madame FAURE raconte ensuite comment elle volait des fruits secs (figues, pruneaux) dans la réserve des soeurs. Il n'y avait pas de dessert pour les pensionnaires de l'orphelinat. 21 mn à 22 mn Elles se trouvent devant un magasin de photographie. Elles décrivent la sortie hebdomadaire pour se rendre à la messe le dimanche. Elles devaient passer en vitesse devant la boulangerie et le photographe. Madame COSSON nous explique qu'elle a été photographiée par ce photographe à sa communion. 22 mn à 23 mn Elles s'arrêtent devant un magasin qui était une pâtisserie autrefois (rue Féray, redevenue une pâtisserie en 1999). Madame FAURE raconte comment, pendant le trajet, certaines filles cherchaient à se sauver et les sanctions qu'elles encouraient. La gendarmerie les rattrapait vite et les punitions étaient sévères. 23 mn à 25 mn Vue de l'école des filles Galignani où Madame FAURE a passé son Certificat d'études vers 13 ans avec mention bien. Elle se souvient qu'elle ne travaillait à l'école que deux heures le matin. Madame COSSON se rappelle qu'elle fréquentait l'école de 7H30 à 11H30 et de 13H30 à 17H. Madame FAURE précise que les pensionnaires de l'orphelinat se levaient à 6H pour la prière. Madame COSSON n'a pas continué les études mais seulement la couture. 25 mn à 26 mn Elles s'arrêtent devant la librairie Boiron Breton. Madame FAURE se rappelle que les seuls livres disponibles à l'orphelinat étaient des livres religieux pour le catéchisme. Madame COSSON se rappelle qu'à la place du coiffeur, il y avait un herboriste (dans les années 1920). Le café et le théâtre existaient déjà. 26 mn à 28 mn Elles passent devant l'ancien magasin Félix Potin. Madame COSSON se rappelle qu'au passage devant l'étalage, certaines filles volaient des fruits secs. 28 mn à 29 mn Vue de l'église Saint-Spire à Corbeil. Madame FAURE aimait bien la messe parce que c'était la seule sortie de la semaine. C'était un moment agréable, les chants et la musique des orgues et surtout le pain bénit (brioche). 29 mn à 33 mn Vue de la " maison penchée ". Mesdames COSSON et FAURE se souviennent d'avoir toujours cette maison penchée. (Cette maison a été détruite en 1998). En face de cette maison se trouvait l'ancienne Poste à la place de la Banque portugaise actuellement. Les pensionnaires se rendaient tous les dimanches à 11 heures pour une heure et demi de " grande messe " après avoir suivi la " petite messe " à l'orphelinat au cours de laquelle elles communiaient. Tous les pensionnaires aimaient y venir. Ils se plaçaient à gauche au fond de l'église et chantaient la messe en latin. 33 mn à 37 mn L'interview se poursuit dans les locaux des archives municipales à la mairie de Corbeil.. Madame FAURE revient sur son arrivée à l'orphelinat à l'âge de deux ans à la suite du décès de ses parents. Elle avait sept frères. Elle se rappelle d'une charrette l'emmenant avec ses frères à l'orphelinat depuis Lisses. Elle pense que c'est son père qui l'emmenait. Son père était charretier. Elle précise qu'à l'arrivée à l'orphelinat les pensionnaires se faisaient couper les cheveux à ras. 37 mn à 41 mn Madame COSSON, née en 1914, est arrivée à l'orphelinat à quatre ans et demi à la suite également de la disparition de ses parents des suites de la guerre. Elle avait deux sœurs et un frère. Son frère, trop jeune à l'époque pour être placé à l'orphelinat, a été recueilli par une tante. Elle se souvient des punitions qu'elle recevait parce qu'elle faisait pipi au lit. Elle est restée dix années à l'orphelinat. Elle se remémore le jour où elle a perdu son aiguille à coudre, de peur de se faire gronder par les sœurs, elle s'est enfuie par la fenêtre de la buanderie pour se réfugier chez sa tante. Suite à cela, sa tante l'a recueilli chez elle et Madame COSSON n'est jamais retournée à l'orphelinat. Elle avait 14 ans. Elle évoque quelques anecdotes sur les habits des pensionnaires. 41 mn à 42 mn Madame COSSON nous raconte ensuite comment son frère qui avait été adopté par sa tante a du être replacé à l'orphelinat. Madame COSSON était née à Corbeil, rue Saint-Léonard. 42 mn à 45 mn Madame FAURE nous explique pourquoi elle a été placée à l'orphelinat et comment, selon elle, le fonctionnement de cette institution était financé. Chaque pensionnaire avait un bienfaiteur (peut-être le marquis). 45 mn à 46 mn Madame COSSON avait, elle, une bienfaitrice qui habitait Evry. Elle ne la voyait qu'une fois par an, cette dame offrait un arbre de Noël aux orphelins. Les gens riches finançaient l'orphelinat. Il n'y avait pas de régime social. 46 mn à 47 mn L'orphelinat abritait entre cinquante et soixante filles et entre vingt cinq et trente garçons. Les garçons quittaient l'orphelinat à 13 ans pour aller travailler. Madame FAURE avait deux frères qui avaient plus de 13 ans au moment de la mort de ses parents. Ils n'ont pas été acceptés et sont restés abandonnés dans la rue et parfois aidés par des amis. 47 mn à 49 mn Madame FAURE a quitté Corbeil en 1940 (apparemment le 3 juin) lors d'un bombardement et lorsque les pensionnaires de l'orphelinat ont été évacués en pleine nuit. Tous les pensionnaires ont été mis dans le train pour Cabourg. A Cabourg, ils se sont rendus au chalet corbeillois, lieu de vacances pour les orphelins de Corbeil crée par deux sœurs de l'institution. 49 mn à 52 mn Madame FAURE s'est occupé à l'orphelinat d'une petite fille prénommée Eliane. Elle nous raconte les brimades qu'Eliane subissait parce qu'elle faisait pipi au lit. Elle nous parle de la méchanceté et la cruauté des sœurs. 52 mn à 54 mn Madame FAURE nous cite et nous chante des cantiques religieux en latin. 54 mn à 56 mn Madame COSSON faisait du théâtre à Familia (association du Familia). Elle se souvient des répétitions et de ses prestations scéniques. 56 mn à 62 mn Madame FAURE faisait du sport au gymnase Saint-Léon. Elle faisait du trapèze, de la barre fixe, de la corde. Pour la pratique du sport, elle portait un grand pantalon et une tunique. Les filles de l'orphelinat faisaient aussi des courses de relais sous le nom d'équipe des " Epis d'or de Corbeil ". Madame FAURE se souvient des séances de relais au stade. Elles gagnaient à chaque rencontre mais n'étaient pas récompensées par les sœurs. Madame FAURE a également appris à nager à la " Baignade " comme toutes les jeunes filles de l'orphelinat. Elle évoque aussi des baignades à la mer pendant les vacances avec un pantalon long et une tunique rose. 62 mn à 64 mn Madame FAURE revient sur le trajet de l'orphelinat à l'église le dimanche matin. Les passants changeaient de trottoir pour ne pas se mélanger avec les orphelines. Elles avaient un sentiment d'exclusion par rapport à la société. Elle se rappelle aussi que son frère, Lucien, qui travaillait à l'hôpital Percy à Clamart (Hauts-de-Seine) venait la voir au parloir de l'orphelinat. 64 mn à 69 mn Madame FAURE évoque le jour où elle est sortie pour la première fois en 14 ans de l'orphelinat avec son frère, Pierre. Elle a pris le train pour aller chez ses cousins à Paris dans le XIIIème arrondissement, place d'Italie. Elle a découvert vraiment un autre monde (la gare de Lyon, le métro). Elle a considéré, depuis ce jour, ces cousins comme sa famille. C'est le premier témoignage d'affection qu'elle a reçu. Elle leur rendait visite au Jour de l'An. Elle nous parle aussi de son frère, Pierre, qui a été éduqué par les sœurs dans le but de devenir prêtre. Il a ainsi eu accès à des séminaires, a eu une chambre particulière et a pu aller au collège. 69 mn à 73 mn Madame COSSON se rappelle qu'elle pouvait comme tous les pensionnaires sortir de l'orphelinat deux fois par an (pour le premier Jour de l'An et pour la Pentecôte). Elle savait que si elle rencontrait sa tante dans la rue en allant à la messe, il était interdit de quitter le rang ou de faire un signe. Madame FAURE nous décrit la préparation et le déroulement de la messe à l'orphelinat. Elle se rappelle qu'elle mangeait des hosties et buvait le vin de la messe pour compenser des mauvais repas. Le curé et le jardinier étaient les seuls hommes à fréquenter l'orphelinat auprès des jeunes filles. 73 mn à 75 mn Les garçons et les filles ne se voyaient jamais. Madame FAURE n'a ainsi jamais vu ses frères à l'orphelinat et n'avait aucune nouvelle. 75 mn à 76 mn Mesdames FAURE et COSSON nous reparlent de leur scolarité. L'école se situait dans l'orphelinat. Madame COSSON y allait toute la journée, alors que Madame FAURE n'étudiait que deux heures par jour. 76 mn à 79 mn Mesdames COSSON et FAURE nous décrivent les légumes et les arbres fruitiers du potager, situé derrière l'orphelinat. Selon Madame COSSON, les légumes servaient pour la soupe. Par contre, les fruits étaient mis en réserve et étaient destinés aux sœurs. Les pensionnaires ne mangeaient des fruits que si elles les volaient. Madame FAURE nous raconte de nouveau comment elle passait le mur pour aller dans le potager pendant la récréation et se souvient du jour où elle a été prise sur le fait. Elle se souvient qu'elle a passé trois jours et trois nuits au cachot avec du pain et de l'eau. 79 mn à 84 mn Madame FAURE nous dit que les filles de l'orphelinat ne possédaient aucune affaire personnelle, chaque affaire était rangée dans des armoires près des lits des pensionnaires dans les dortoirs. Il existait deux dortoirs, un servait à isoler les malades pendant les épidémies (oreillons, diphtérie, rougeole). Les sœurs leur donnaient des uniformes et toutes les affaires des pensionnaires étaient numérotées. Madame FAURE avait le n° 2 et Madame COSSON le n° 30. Madame FAURE évoque ensuite le sujet tabou que constituaient les mensurations. Les sœurs ne renseignaient pas les filles qui se débrouillaient entre elles. Il n'y avait pas de serviettes hygiéniques, seulement des chiffons. 84 mn à 86 mn Madame FAURE nous décrit le cérémonial du réveil chaque matin. A 6 heures du matin, les sœurs venaient les réveiller avec la phrase " Vive Jésus, à jamais dans mon cœur ", les orphelines répondaient " bonjour ma sœur ". Elles devaient dire cette phrase et se mettre à genoux devant le lit pour réciter la prière. 86 mn à 95 mn Mesdames FAURE et COSSON nous détaillent les horaires et les différentes tâches qui rythmaient la vie quotidienne des pensionnaires : prières dix fois par jour, tâches ménagères, description des repas, description des travaux manuels dans les ateliers ou à l'école (à l'ouvroir). 95 mn à 96 mn Madame COSSON précise que l'électricité existait déjà à l'orphelinat quand elle est arrivée en 1918. Elle se souvient d'une veilleuse de nuit pour les filles qui se levaient pour aller aux toilettes. Les locaux étaient chauffés en hiver, mais les pensionnaires se lavaient à l'eau froide. 96 mn à 101 mn Madame FAURE nous raconte le travail qu'elle faisait à l'orphelinat après avoir arrêté l'école à 12 ans. Elle tricotait des chaussettes de footballeur, des pull-overs en jacquard et des chemises. Elle devait réaliser vingt paires de chaussettes pour le midi et vingt paires le soir sous peine d'être priver de repas. Elle détaille la confection des pulls en jacquard. Ce linge fabriqué par les pensionnaires était vendu pour faire fonctionner l'orphelinat. Trois ans avant son départ, Madame FAURE a réalisé des petits transformateurs pour la T.S.F. (Télégraphie Sans Fil. Elle décrit la fabrication de ces transformateurs. Pourtant, elle n'avait jamais entendu la radio. 101 mn à 104 mn Elles décrivent le déroulement de la lessive une fois par semaine dans une grande lessiveuse d'environ deux mètres de haut, l'eau pouvait bouillir grâce à un feu. Elle se relayait. Une seule pensionnaire faisait la cuisine. Elles se relayaient, à tour de rôle, pour faire la vaisselle. 104 mn à 106 mn Une fois par an, les orphelines lavaient les coiffes des sœurs de l'Ordre de Saint-Vincent-de-Paul (les cornettes). La tâche consistait à les laver, les amidonner et à les repasser. Les sœurs mettaient en forme elles-mêmes les coiffes. 106 mn à 109 mn Mesdames COSSON et FAURE décrivent les seules fêtes et sorties qu'elles avaient dans l'année, les processions. Elles chantent une chanson sur la Vierge Marie. Madame FAURE se rappelle d'avoir fait partie des Enfants de Marie vers 15 ans. 109 mn à 115 mn Elles évoquent les souvenirs de leur communion solennelle. Elle consistait en cinq jours de retraite en dehors de l'orphelinat à l'église Saint-Spire pendant lesquels les orphelins priaient, se confessaient et faisaient des processions. Le costume de procession était fourni par l'orphelinat. Une aumônière était fournie pour mettre le mouchoir et le chapelet. Madame FAURE évoque quelques anecdotes sur sa communion 115 mn à 119 mn Mesdames FAURE et COSSON évoquent leurs souvenirs de jeux entre les pensionnaires pendant les récréations. Une sœur dormait près des dortoirs ce qui empêchait tout chahut. Evocation d'un souvenir entre deux filles et un charbonnier. Les jeunes filles étaient éduquées dans l'ignorance et la naïveté. 119 mn à 120 mn Madame COSSON dit qu'elle possédait quelques livres que des personnes de l'extérieur donnaient aux enfants de l'orphelinat. Madame FAURE tricotait beaucoup pour son loisir. Le jeudi était un jour sans classe, qui était mis à profit par les filles pour lire et pour aller au catéchisme. 120 mn à 122 mn A 12 ans, Madame FAURE a été hospitalisée. Elle nous raconte des anecdotes sur son séjour. Les piqûres étaient faites par les sœurs. 122 mn à 125 mn Pour Mesdames COSSON et FAURE, la période passée à l'orphelinat a été douloureuse. Elles ont manqué de tendresse et d'affection. Madame COSSON nous reparle du jour où elle s'est enfuie et du sentiment de délivrance qu'elle a éprouvé. 125 mn à 128 mn A 13 ans, les garçons étaient placés dans les fermes pour travailler. Ils couchaient dans la paille et étaient souvent maltraités par les maîtres. Les filles quittaient l'orphelinat à 18 ans si elles avaient une famille pour les accueillir. Les autres comme Madame FAURE devaient attendre jusqu'à la majorité (21 ans) pour quitter l'orphelinat. Les filles sans famille se retrouvaient à la rue, sans objets personnels. Madame FAURE a ainsi attendu jusqu'à 19 ans pour trouver une famille d'accueil qui l'a employée comme " boniche ". 128 mn à 134 mn Madame COSSON a travaillé à l'imprimerie Crété où les ouvriers étaient payés à la tâche. Madame FAURE a été accueillie par une famille de maraîchers d'Evreux (Eure-et-Loir) et a travaillé tout de suite comme " boniche " et comme vendeuse de marché. Elle travaillait de 4H30 à 22H tous les jours. Elle nous détaille ses conditions de travail. 134 mn à 135 mn Madame FAURE a travaillé 2 ans chez cette famille où elle était payée 1 franc par mois. Elle a été habillée pour l'été et pour l'hiver et au moment de partir la famille lui réclamait 270 francs. 135 mn à 137 mn Madame FAURE a travaillé ensuite dans une autre famille, la famille LEBLANC à Fontaine-sous-Jouy (Haute-Normandie), où elle a rencontré son mari, René LEBLANC. En tant qu'orpheline elle ne sera jamais bien acceptée par la famille de son mari et par les gens du village. Elle se marie et fait le travail de " boniche " pour sa belle-famille et pour d'autres. 137 mn à 139 mn Madame FAURE a ensuite trouvé du travail dans une conserverie où elle travaillait de 2H30 du matin jusqu'à la mise en conserve de la viande d'une bête, ce qui pouvait prendre plus de 24 heures. La conserverie a fait faillite et Madame FAURE a alors travaillé dans une papeterie. Cette papeterie n'avait pas beaucoup de travail à offrir et les journées étaient parfois très courtes 139 mn à 140 mn L'usine Singer de Bonnières proposait des conditions de travail intéressantes et des avantages sociaux et recherchait du personnel. Madame FAURE s'est fait engager chez Singer où elle est restée 22 ans. Elle s'y rendait par car. 140 mn à 142 mn Madame FAURE explique qu'elle est revenue à Corbeil pour rechercher des traces de sa famille (photographies, actes) et pour un problème de carte d'identité. 142 mn à 146 mn Madame COSSON a fait toute sa carrière professionnelle chez Crété où elle est entrée vers 1928 et y restée jusqu'en 1934. Elle a travaillé à la brochure, à la plieuse et aux encarteuses. Le travail était contrôlé par un compteur. Il fallait suivre le rythme pour ne pas arrêter la chaîne de travail. Les horaires étaient de 7H30 à 11H30 et de 13H30 à 17H30 avec le dimanche libre et parfois le samedi. A la brochure, seules les femmes travaillaient. Elle nous précise que les conditions et l'ambiance de travail étaient bonnes. 146 mn à 148 mn Madame COSSON nous parle de ses distractions. Elle n'était pas autorisée à aller au bal. Par contre, elle allait au cinéma qui se trouvait à l'emplacement d'un ancien bal musette: le Stella ou le Moulin Rouge. Elle sortait également à Bellevue avec sa tante et son oncle. Elle nous raconte que sa tante a refusé qu'elle se marie avec un garçon qu'elle avait rencontré. Puis, elle a été obligée, en 1935 à 20 ans, de se marier avec un de ses cousins germains. Ce mariage n'a duré que deux ans avant d'être annulé par un divorce en 1939. 148 mn à 151 mn En 1956, Madame COSSON travaille de nouveau chez Crété à la mort de son deuxième mari. Elle travaillait à l'emballage puis aux machines plates. Elle évoque les différentes conditions de travail. Des factions avaient été mises en place (17H à 1H et de 1H à 9H) avec des heures majorées. Elle a également plié des prospectus publicitaires chez elle pour 1F50 les mille. Ces 1F50 étaient pour elle, alors qu'elle versait sa paie à sa tante. Le dimanche, elle cousait mais ne sortait pas. 151 mn à 156 mn Madame FAURE revient sur ses années passées à Singer. L'usine fabriquait des machines à coudre de la matière première au produit fini. Elle a donc fait des tâches de nickelage, de vernissage et d'émaillage avant de travailler à la chaîne avec des hommes. Elle préférait travailler avec des hommes parce que les femmes, entre elles, étaient plus méchantes et hypocrites. Elle travaillait 9 heures et demi par jour. Elle prenait le car à 5H30 pour être à l'usine à 7H tous les jours, sauf le samedi où faute de car, elle devait prendre sa bicyclette (50 kms aller/ retour). Son dimanche était consacré aux tâches ménagères de la famille. 156 mn à 157 mn Mesdames FAURE et COSSON précisent qu'elles n'avaient jamais parlé de leur vie comme cela. Les gens ont du mal à les croire. 157 mn à 161 mn Madame FAURE raconte qu'elle a aussi travaillé au bureau d'aide social de son village de Fontaine-sous-Jouy, avant d'être élue conseillère municipale. Sa situation d'orpheline a fait qu'elle a été mal acceptée par une partie de la population dans ses fonctions de conseillère municipale. 161 mn à 166 mn Madame FAURE nous chante la " Chanson de l'Orphelin ", puis nous reparle de ses frères. 166 mn à 170 mn Madame COSSON se souvient des chanteurs qu'il y avait au marché de Corbeil le dimanche et qui jouaient de l'accordéon. Elle revient ensuite sur son travail chez Crété où elle est restée jusqu'en 1974 et se souvient des évènements de 1968. Elle défilait avec des banderoles et se souvient également des grèves de 1936. Les grèves étaient vécues comme des moments de bon temps pendant lesquels les gens chantaient et dansaient à l'usine. 170 mn à 180 mn Madame FAURE évoque de nouveau sa vie de travail pour améliorer ses conditions de vie avec peu de loisirs. Pour conclure, elles souhaitent que personne ne vive plus jamais ce qu'elles ont vécu. Madame FAURE nous explique que son retour sur Corbeil va changer sa vie. Madame COSSON se dit aussi soulagée d'avoir vraiment parlé de sa vie. GENERIQUE DE FIN

Conditions d'accès

sans délais

Langue des unités documentaires

Français

Informations sur le traitement

Notice établie conformément à la norme ISAD(G), norme générale et internationale de description archivistique (2000), et à la DTD-EAD (Encoded Archival Description), informatisation de la description.